Accueil » Témoignage de future maman : une nouvelle grossesse après 2 IMG

Témoignage de future maman : une nouvelle grossesse après 2 IMG

Andréa est une future maman de 25 ans. Après avoir vécu deux IMG (interruption médicale de grossesse), elle attend une petite Emily prévue pour l’été. Son histoire bouleversante, cette grossesse qui ne peut qu’être particulière, elle nous la raconte avec sincérité, entre la peur et l’espoir.

 grossesse-apres-img

Petite présentation en quelques ligne

Je m’appelle Andréa, j’ai 25 ans et j’habite à Salon de Provence. Après avoir subi deux IMG, j’ai découvert par surprise que j’étais de nouveau enceinte. Ma petite puce devrait voir le jour en août.

A quel moment de ta grossesse as-tu appris que tu devais subir une IMG (interruption médicale de grossesse) ? Pour quelle raison ?

Au moment de l’écho du deuxième trimestre. Ma gynécologue insistait longuement sur certains organes de mon bébé tel que le cœur, le cordon ombilical, le cerveau… Plus les minutes passaient, plus l’angoisse montait.

On se regardait avec mon mari, sans oser rien dire. Tout d’un coup, le couperet est tombé. La gynécologue nous annonce qu’il y a beaucoup d’anomalies, elle cite tout un tas de trucs qu’on ne comprend pas : kystes des plexus choroïdiens, artère ombilical unique, dextrocardie, retard de croissance… puis elle ajoute que toutes ces anomalies sont peut être liées à une trisomie 18.
A ce moment là, tout s’effondre. Je fond en larmes avant même de connaitre les conséquences d’une trisomie 18. On a ensuite fait une amniocentèse en urgence. On était paniqué.  Pour le résultat, on a du patienter trois semaines. Puis ma gynécologue m’a appelé pour me dire qu’on avait reçu les résultats. On est allé sur place et là, nous avons eu la confirmation qu’il s’agissait bien d’une trisomie 18. J’étais enceinte de 22 semaines, je sentais bouger ma fille en moi, on était tellement heureux et tout d’un coup tout s’est effondré.

Plusieurs solutions s’offraient à nous, mener ma grossesse à terme en risquant qu’elle meurt in-utero, soit qu’elle résiste et qu’elle meurt quelques jour après l’accouchement tout en étant extrêmement médicalisée et qu’à tout moment elle pouvait mourir, soit interrompre ma grossesse en faisant une IMG. J’espérais ne plus jamais entendre ce mot et ne plus revivre le même cauchemar vécu 6 ans en arrière. En effet, j’avais déjà subi une IMG à cinq mois de grossesse à cause de nombreuses malformations.

Moi j’aurais voulu mener ma grossesse à terme pour pouvoir la voir, la toucher, qu’elle me voit aussi, mais je ne voulais pas qu’elle souffre…  la décision était terrible à prendre. Mon mari voulait mettre un terme à cette grossesse, ma belle- famille aussi, enfin tout le monde… Du coup, j’ai pris cette décision un peu contre ma volonté mais, au fond de moi, je savais que c’était mieux. Deux semaines plus tard, c’est à dire à 24 semaines de grossesse, j’ai accouché de ma fille Lily.

Quand as-tu décidé d’avoir un autre enfant ?

Pour ma nouvelle grossesse, ce n’était pas prévu. Je travaillais en tant que serveuse et je me sentais très fatiguée. J’ai décidé de faire un test de grossesse, et là le verdict : j’étais bel et bien enceinte. Je me suis écroulée et j’ai pleuré car ça faisait un an jour pour jour que j’avais subi l’amniocentèse pour Lily. Mon mari lui aussi a pleuré, on n’y croyait pas. Et là, rebelote : prise de sang, écho, super surveillée… Je suis partagée entre la joie et la peur que ça recommence.

Comment vis-tu cette nouvelle grossesse ?

J’ai un peu mal vécu les premiers mois car je n’avais personne réellement à qui en parler. Je faisais semblant d’être contente et de me plaindre uniquement des maux des femmes enceintes, car les trois premiers mois ont été l’horreur, mais je ne me plaignais jamais sur mes angoisses que tout recommence. J’avais peur que les gens perçoivent mal mon mal être.

Est-ce que quelque chose te manque ou t’a manqué dans le suivi de ta grossesse ?

La chose qui m’a manqué le plus, c’est justement une amie à qui en parler. Et aussi d’en parler avec mon mari, car on en parle que très rarement.

Quelle est la phrase la plus bête que tu aies entendu ?

La phrase la plus bête que j’ai pu entendre ou plutôt les phrases – car mon entourage est fort pour ça – c’est : « t’inquiète pas, tu es jeune tu en auras d’autres » ou « avec le temps ça va aller, c’est dur mais faut faire avec« . J’avais envie de les tuer, me dire des trucs comme ça. Ils ne se rendent pas compte, je le sais bien, mais dans ce cas là j’aurais préféré qu’ils ne disent rien.

Ou aussi la chose et non pas la phrase, c’est que je voulais que personne ne vienne me voir a l’hôpital car j’étais trop mal. Sauf qu’une personne est venue à l’improviste pour me demander comment j’allais et m’a même rapporté des gâteaux ! Comment j’allais ? Quelle question ! Je venais de perdre mon bébé…

Comment le futur papa vit-il cette grossesse ?

Le futur papa l’a vécu comme moi, très mal. Ce n’est pas quelqu’un qui parle beaucoup donc, à vrai dire, je ne sais pas trop ce qu’il ressent aujourd’hui. Il me dit qu’il sera serein quand il l’aura dans les bras. Mais je pense au fond qu’il est quand même très content.

Est-ce que tu suis une préparation à l’accouchement, si oui, laquelle ?

Oui je vais suivre des cours à la préparation pour l’accouchement. Je suis beaucoup suivie, ayant subi deux IMG c’est un peu normal. Je fais des échos tous les mois dans un centre à Marseille. Je vois aussi des sages-femmes et je vais reprendre mes séances avec mon psychologue, car plus les semaines passent, plus j’ai peur. Peur d’être trop possessive, peur qu’elle meurt à tout moment, enfin des tas de choses négatives qui me passent par la tête. Bizarrement, j’ai pas trop peur de l’accouchement, enfin un petit peu quand même.

Qu’aurais-tu envie de dire aux mamans qui pourraient vivre la même chose que toi ?

Ce que je pourrais dire aux mamans qui subissent une IMG, c’est de s’entourer de personnes qu’elles aiment. Ce qui n’était pas mon cas. Qu’il ne faut pas se voiler la face, que c’est dur et c’est comme ça, personne n’y peut rien. Il faut essayer, et je dis bien essayer, de vivre avec, ne pas écouter ce que tout le monde peut dire, car personne est à notre place. Si elles ressentent le besoin d’aller voir un psy, qu’elles le fassent mais ce n’est pas obligatoire. En résumé, je leur dirais « Faites ce que bon vous semble. Il y aura des hauts et beaucoup de bas, mais il ne faut pas se laisser aller et garder courage et espoir« .

J’ai envie de donner une bonne image à ceux qui nous regardent d’en haut, moi c’est ce qui m’aide. Je me dis qu’elles me regardent et que je n’ai pas le droit de m’apitoyer sur mon sort. Un jour je les retrouverai et là, ce sera un des plus beaux jours de ma vie.

 

A propos de Anne-Laure Galluchon

Maman d'une adolescente en pleine puberté, d'une petite puce de 5 ans et d'un petit bonhomme de 6 mois, je suis une vraie pile électrique. Faut que ça bouge tout le temps ! On dit de moi que j'ai une sacrée répartie mais quand on est maman, on a plutôt intérêt à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Je dis tout haut ce que beaucoup de mamans pensent tout bas !