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Le jour où j’ai dit non : la lettre aux copines et à toutes les autres

Sois belle, sois mince, fais-toi la peau douce… et le poil brillant, tant qu’on y est  ? Le jour où j’ai dit non, c’est celui où j’en ai eu marre de chercher à correspondre à ce que je n’étais pas. Toi qui te sens nulle, grosse, moche, je t’embrasse et je t’écris cette lettre.

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La pub pour le soutien-gorge push-up pour remonter mes seins ramollos après deux grossesses m’a fait de l’oeil,

Celle pour la gaine aplatissante de bide post-accouchement m’a tentée

Le jean remonte fesses, pourquoi pas ?

Les faux-cils, ça ouvrirait mes yeux de panda entretenus aux nuits hâchées par mon bébé ?

Quand j’ai vu mes premiers cheveux blancs, ceux qui vont hyper bien aux hommes mais font ressembler les femmes à un pelage de chatte Isabelle, j’ai immédiatement pensé « une coloration, viiiite !!! »

Et puis des petites rides ont fait leur apparition au coin de mes yeux. Anti-rides, anti-cernes, anti-temps, anti-tout.

Je suis tombée sur un baume repulpeur de lèvres, ça avait l’air absolument capital dans la vie

Et puis aussi sur un repulpeur de peau du visage, et j’ai un peu eu la sensation d’être prise pour une figue sèche

Le fond de teint Zéro Défaut, le blush « bonne mine », le mascara « ouvreur de regard »

Le maillot de bain affinant, le tankini pour planquer le ventre

Je me suis demandée

Si je mets tout ça, que restera-t-il de moi ?

Et quand j’enlèverai tout, face à moi ou face à quelqu’un d’autre, toute nue, quelle image aurais-je de moi ? Et quelle image aura-t-il de moi ?

Serais-je honnête ?

Alors comme ça, je suis en quelque sorte obligée de tout faire pour être belle ?

C’est ce que me dit la publicité, c’est ce que me dit la vie en société.

Mais moi, je me dis quoi ?

Je me dis : non

J’aime le maquillage, pas la triche

J’aime les fringues, pas les cache-misère hors de prix

Mon labello fait le job quand j’ai les lèvres gercées

Oui, je cède allègrement à la coloration car, non, je n’ai pas envie de voir mes cheveux blancs. En tout cas, pas pour le moment.

Non, je n’ai pas envie de correspondre à ce que je ne suis pas

Oui, je me suis déjà trouvée trop grosse

Oui, j’ai été désespérée par la mollesse de mon corps

Oui, j’ai remarqué que mes seins ne sont pas aussi fermes que quand j’avais 18 ans

Non, je refuse d’en faire un problème quotidien, une tare, une croix à porter, un poids dans l’existence, une enclume à mon nombril

Toi, moi, nous : soyons égoïstes !

J’entends, je vois, j’écoute, je lis : tellement de femmes se sentent nulles, moches, grosses, se comparent consciemment ou pas aux filles de magazine ou à la plus jolie qui traverse la rue.

Mal dans leur peau, mal dans leur corps, mal dans leur tête, dans leur fringues et dans leur vie, cernées par celles qui leur disent « si vous êtes grosses, c’est parce que vous n’avez pas de volonté« , comme si une explication unique allait correspondre à l’infinité de personnalités…

Je ne connais pas la formule magique, je ne sais pas ce qu’il faut dire, je sais que ça dépend de plein de choses, mais il y a quand-même une chose dont je suis convaincue : le jour où j’ai dit « non », c’est celui où je me suis acceptée.

En tant que femme, en tant que mère, en tant que petite fille et même future vieille dame, si le plan se déroule sans accroc.

Je dis « le jour », mais ça a été un poil plus long. Et puis je n’ai pas fait de dépêche AFP pour l’annoncer au monde. Au contraire, je ne l’ai dit à personne. Dans une formidable crise d’égoïsme total, j’ai gardé ça pour moi.

Malgré la vie, ses œuvres, ses pressions, ses embrouilles, j’ai refusé d’être mon propre problème. Et aussi qu’on me fasse croire que j’étais un problème si je ne respectais pas à la lettre toutes les consignes, édictées par je-ne-sais-qui.

La perfection, c’est comme les licornes, ça n’existe pas. On peut toujours y croire, on ne la verra jamais en vrai, et surtout pas en se regardant bien en face dans le miroir.

Et alors ? C’est pas grave !

Allez, toi la fille, toi la femme, toi la jeune maman, qui que tu sois : toi aussi, sois bienveillante avec toi-même, et dis non.

(Et puis reviens nous voir chez les DDM, on recommencera à bien rigoler.)

 

 

 

A propos de Béatrice Knoepfler

Journaliste, auteur d'un livre de grossesse et co-auteur de deux filles tout à fait géniales, Béatrice Knoepfler est également femme de ménage (chez elle), cuisinière, lavandière, joggeuse à la petite semaine, férue de littérature et de tissus liberty et nulle en crochet. Une vraie femme moderne, comme toi ! C'est d'ailleurs pour au moins une de ces bonnes raisons que c'est ta copine et notre super rédac'chef.