Qu’est-ce que la dyspraxie ? Comment se fait le diagnostic ? A quoi sert la psychomotricité pour un enfant dyspraxique ? Julia Birem-Marchal, psychomotricienne Diplômée d’Etat, répond à toutes ces questions que les parents se posent, notamment, lorsqu’ils apprennent que leur enfant est dyspraxique.
Qu’est-ce que la dyspraxie ? Doit-on plutôt parler des dyspraxies ?
Littéralement, la dyspraxie est un dysfonctionnement des praxies. Les praxies sont l’ensemble des actions que le cerveau doit mener pour réaliser un geste volontaire. Une dyspraxie est donc une désorganisation dans la planification et la réalisation des gestes. Mais la dyspraxie touche également les fonctions cognitives qui sont étroitement liées à la réalisation des gestes : perception spatiale et anaylse visuo-spatiale, capacités visuo-constructives, analyse visuelle. Certaines dyspraxies s’expriment plus sur un versant que sur un autre c’est pourquoi on parle plutôt des dyspraxies. Par exemple certains enfants sont plus en difficulté en ce qui concerne l’analyse visuo-spatiale, alors que d’autres vont plus être en difficulté dans la réalisation des gestes moteurs. De Nombreuses classifications ont tenté de les différencier mais on observe que la palette des symptômes exprimés est tellement large et s’exprime de façon tellement propre à chaque patient qu’on utilise finalement le terme global de dyspraxie.
Comment fait-on le diagnostic ?
La dyspraxie est développementale et non lésionnelle, c’est à dire qu’elle n’apparait pas soudain, à la suite d’une maladie ou d’un accident. Elle se développe et s’exprime au fil du temps. Lorsque l’on est professionnel comme moi qui suis psychomotricienne, on repère des symptômes assez tôt, parce que l’on a une lecture plus « fine » de la gestuelle des patients. Mais pour la plupart des gens, les symptômes passent pour de la maladresse ou un manque de maturité. C’est pourquoi ce n’est souvent que lorsque l’enfant est scolarisé que l’on est alerté et que l’on va consulter un pédiatre, neuropédiatre, ou médecin de rééducation fonctionnelle pour poser un diagnostic. Ce diagnostic s’appuie sur un examen neurologique et clinique du patient mais également de nombreux bilans paramédicaux : bilan psychomoteur, bilan neuropsychologique, bilan ergothérapique, bilan orthoptique et parfois bilan orthophonique et psychologique.
A quoi sert la psychomotricité pour un enfant dyspraxique ?
La psychomotricité va aider l’enfant à mieux s’organiser dans ses gestes en renforçant le schéma corporel, la proprioception, la motricité fine et globale, les coordinations. Selon la difficulté du patient, un travail plus spécifique pourra être proposé sur l’écriture qui pose souvent problème et constitue un des gestes les plus complexes de l’activité humaine. Les notions d’espace et d’analyse visuo-spatiale sont également travaillées, souvent en lien avec le travail de l’orthoptiste.
Enfin, un travail est également proposé sur la confiance en soi et l’apaisement des tensions car les enfants dyspraxiques se dévalorisent souvent et ont parfois des emplois du temps bien chargés. En concertation avec l’équipe médicale le psychomotricien pourra suggérer un travail plus spécifique avec un psychologue si cela s’avère nécessaire.
Les séances de psychomotricité évoluent avec le patient. Il y a des périodes où certains axes sont plus prioritaires que d’autres. D’où la nécessité d’être en lien étroit avec les familles et l’école.