Pas toujours évident de mettre un nom sur une allergie chez l’enfant. Qu’est-ce que l’allergie ? Quels sont les traitements ? Le Docteur Refabert, pédiatre-allergologue, répond aux questions les plus fréquentes que l’on peut se poser.
Une allergie, c’est quoi ?
La question est simple mais ce n’est pas simple d’y répondre. Avant tout, il est important de préciser qu’il existe plusieurs types d’allergies : les allergies immédiates et les allergies retardées.
Les allergies immédiates, ce sont des allergies à « réactions immédiates », et sont souvent celles qui font le plus peur. Par exemple, après la prise d’un aliment, les muqueuses peuvent gonfler, une urticaire apparaître, ou l’enfant peut ressentir une gêne respiratoire. Autre cas, si l’individu allergique au chat est en contact avec l’animal, il y aura immédiatement une réaction de type nez qui coule ou yeux qui piquent. Il faut préciser que les réactions sont variables d’un individu à l’autre, certains allergiques au pollen peuvent avoir de l’asthme quand d’autre un rhume des foins ». En fait, on assiste à une réaction inappropriée de l’organisme à un aliment, ou à quelque chose que l’on respire. Les anticorps inadaptés entraînent une réaction dite « immédiate ».
Les allergies retardées mettent en cause d’autres mécanismes, la réaction ne se fait qu’après quelques jours. Les réactions sont également multiples et peuvent être cutanées ou respiratoires. Le lait de vache ou l’œuf par exemple peuvent entraîner un eczéma.
Il faut préciser que les réactions sont variables d’un individu à l’autre, certains allergiques au pollen peuvent avoir de l’asthme quand d’autre un rhume des foins .
Un enfant peut-il être allergique dès sa naissance ?
On observe souvent des allergies alimentaires dès les premiers mois de vie ou des eczémas (bien plus fréquemment) chez les nourrissons. Il ne faut pas oublier que le bébé est déjà in utéro en contact avec des aliments potentiellement allergiques. Et dans un second temps des réactions allergiques respiratoires.
Comment réagissent les mamans que vous rencontrez ? Sont-elles angoissées ou déjà dans l’autodiagnostic ?
Toutes les mamans sont différentes, et les réactions aussi. La maman est naturellement angoissée, elle peut être stressée mais il est simple de la rassurer car il est assez facile de faire un diagnostic.
Justement, comment se passe un diagnostic ?
On va réaliser des tests pour déceler les allergies. Il existe deux types de test. Le test cutané appelé le Prick Test. On dépose sur la peau une goutte d’allergène, on pique la peau à travers la goutte (le pique est quasiment indolore) et on analyse. On peut aussi faire une prise de sang mais ne sont remboursés que 5 dosages d’allergènes alors que pour le Prick Test le nombre est infini.
Côté traitements, comment ça se passe ?
Pour l’allergie alimentaire, tout dépend de l’intensité de la réaction, et des résultats des tests. Par exemple, on constate que les allergies à l’œuf ou au lait disparaissent souvent après quelques années, ça ne s’explique pas mais c’est comme ça. On peut donc mettre en place un régime d’exclusion et attendre. Si vers 5 ans, l’enfant est toujours allergique à l’œuf ou au lait, on va proposer de le désensibiliser, c’est-à-dire de provoquer une tolérance à l’aliment en question via un protocole bien défini par l’allergologue en réintroduisant progressivement l’aliment mis en cause.
On parle très souvent en ce moment des allergies alimentaires que ce soit au gluten, au lait, comment savoir si mon enfant est vraiment allergique ?
Le plus important est de consulter son médecin et de ne surtout pas pratiquer d’autodiagnostic. Ce sont des questions complexes et les autodiagnostics peuvent parfois mener à des régimes farfelus qui entraînent des carences préjudiciables au bébé. Par exemple, il faut bien faire la différence entre des allergies au blé et la maladie cœliaque, une maladie digestive auto-immune. Ou encore l’intolérance au lait dont 30% de la population souffre (il leur manque un enzyme pour digérer le lactose) et la véritable allergie au lait. C’est une vraie question de santé publique que de sensibiliser les gens à la différence entre les maladies, les allergies et les intolérances. Les croyances populaires sont véhiculées souvent par la rumeur, il y a des modes (qui retomberont très certainement), donc l’avis d’un spécialiste demeure absolument indispensable.
Quelles ont les allergies alimentaires les plus fréquentes ?
Tout dépend de l’âge, les nourrissons sont souvent allergiques au lait de vache ou à l’œuf. Ensuite, au fur et à mesure de la diversification alimentaire, de nouvelles allergies apparaissent. La plus emblématique des allergies reste celle à l’arachide vers 3 ans, viennent ensuite celle au fruit à coque, le blé, le poisson, les crustacés ou à celle à la moutarde.
Pour prévenir mon enfant des allergies, dois-je exclure d’emblée certains aliments ?
Surtout pas, et c’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire. Ce n’est pas parce que je ne donne pas un aliment que mon enfant ne sera pas allergique. Au contraire, il faut acquérir une tolérance et donc consommer. Pratiquer des régimes d’exclusion de certains aliments peut provoquer des accidents car il est difficile voire impossible de toujours contrôler ce que mange l’enfant. Au contraire, il faut le mettre en contact, pour acquérir la tolérance à l’aliment mis en cause. Un enfant allergique peut être malade pendant quelques années puis aller mieux car il sera plus tolérant, c’est primordial.
Le 18 Mars, c’est la journée française de l’allergie. Tous les allergologues de France se mobilisent et un tchat sur le thème des allergies sévères est organisé sur le site de l’association asthme-allergies.org entre 12h et 19h. Les internautes pourront échanger avec des allergologues, une psychologue et une conseillère médicale en environnement intérieur. A vos claviers !