La sortie de l’école est une épreuve à plus d’un titre. Pour moi, elle l’est très exactement à six titres ! Parce qu’il y a, après analyse poussée, sept profils de mère que je ne peux pas saquer et que je fuis à toutes jambes. Qui sont-elles ? Que veulent-elles ? Attention mon ami(e), « Elles » sont parmi nous…
La mère moi-mon-enfant
Voilà une espèce assez terrible. Pour y échapper, il faut soit simuler une surdité sévère, soit être pire qu’elle, mais ça, c’est un défi. La mère-moi-mon-enfant ne peut pas s’empêcher de la ramener à propos de sa merveille de gamin. Un simple « bonjour » t’expose à ce qu’elle se mette à dégobiller son admiration pour son enfant parfait. Donc, par exemple, comme tu es polie, tu salue cette dame, et là… « Moi mon enfant dit TOUJOURS bonjour, parce que c’est important la politesse, et mon titi d’amour à sa maman chéri il est poli-poli et même que Nadine de Rotschild, à côté, c’est une pauvre débutante. » Son enfant est parfait, merveilleux, elle en parle tout le temps, et elle se fout totalement de ce que tu peux lui répondre : son crédo, tout ramener à sa progéniture. L’effet ? Tu la hais, et son gamin avec.
La mère placeuse
Attention, tous les voyants sont au rouge : cette mère là, au départ, à l’air normale. Sympa, même. Tu peux échanger quelques mots avec elle, ton enfant et le sien sont potes, c’est bien. Sauf que, rapidement, le premier sale coup arrive sans que tu t’en rendes compte : « Je suis embêtée, je ne peux pas récupérer mon fils jeudi prochain, je travaille… Tu pourrais venir le chercher en même temps que ta fille et je viens le chercher à 18 heures ? » Toi tu es sympa, tu dis oui. La semaine d’après, elle t’appelle : « Tu peux garder mon fils jusqu’à 20 h 30 vendredi ? Et le récupérer lundi et mardi et jeudi aussi ? Je suis embêtée, j’ai piscine… » Fuis, viiiiite !!! Ou alors, donne ton tarif horaire…
La mère pintade
Cette mère est un cas tout à fait à part. La mère Pintade se déplace comme un volatile et glousse beaucoup, surtout quand elle croise un papa. Elle secoue ses plumes et pépie sur des choses aussi passionnantes que du grain pour les poules avec une petite voix haut perchée qui n’est pas sans rappeler un dindon sous ecstasy. Tu connais tout de sa vie, de son oeuvre. Pourquoi ? Parce que la mère Pintade la raconte à qui veut l’entendre en vérifiant constamment que tout le monde l’écoute, en bougeant son petit cou de poulet dans tous les sens et en jetant des coups d’oeil rond à la vitesse de l’éclair. Tu la fuis parce que, sinon, tu n’as qu’une envie, c’est de la faire cuire. Cela dit, ne t’inquiètes pas, elle préfère largement s’entretenir en gloussant avec ton mari.
La mère Pétition
Elle arrive avant tout le monde, une liasse de papiers sous le bras. Elle te saute dessus pour t’expliquer l’écume aux lèvres que « NON, ce n’est possible !!!« . Quoi donc, demandes-tu poliment ? Tout, mon amie, tout. Les rythmes scolaires, les choux de Bruxelles à la cantine, la plante potentiellement allergisante dans la cour de récré, la coiffure du maître, la couleur du portail… Cette mère-là a un mot à dire (très fort) sur tout, sur rien, et elle en fait des pétitions que si tu les signes pas, tu le regretteras toute ta vie et tu seras pour l’éternité une mauvaise mère qui ne se préoccupe pas du bien-être des enfants. Un bon conseil : revendique d’être cette mère là si tu ne veux pas te retrouver dans des réunions de comité de gens qui s’ennuient tellement dans la vie qu’ils emmerdent tout le monde.
La mère pas bonjour
Depuis la petite section, tu la croises tous les matins devant le portail, dans la cour ou dans le couloir. Ton enfant et le sien sont dans la même classe depuis des lunes, tu la vois aussi aux réunions de parents d’élèves et tu peux même la croiser dans la rue. Ok, ce n’est pas parce qu’on est des parents qu’on doit tous se mettre des claques dans le dos et faire des rondes de joie quand on se croise, mais… la politesse faisant vaguement partie des bases d’une éducation à peu près sociable, tu lui dis « bonjour ». Elle, non. Jamais. Sinon, elle va sans doute mourir dans d’atroces souffrances, il n’y a pas d’autre explication. Là, je ne sais quelle attitude adopter… Soit tu continues bravement, soit tu ne prends plus la peine de gaspiller ta salive. Mais, dans ce dernier cas, tu deviens comme elle… Cruel dilemme.
La mère Troisième-Personne
Pour une raison aussi indéterminée qu’insupportable, la mère troisième-personne est incapable de faire deux choses : parler d’elle en disant « je » et s’adresser directement à son enfant. Je l’ai gardée pour la fin parce que c’est celle que j’ai le plus envie de suspendre dans le sapin de l’école. Cette étrange personne, quand elle récupère son enfant, ne se penche jamais vers lui pour l’embrasser ou lui parler, mais reste plantée devant lui en parlant, parlant, parlant… ça donne « Oh, maman dragon va sortir si tu as encore perdu ton stylo vert !« . Ou alors « Oh, qui c’est qu’a ramené le goûter ? C’est encore Maman Gentille, que tu as de la chance que Maman Gentille elle pense à ton goûter !« . Et, pendant ce temps-là, son enfant se tortille pour essayer de croiser son regard. Peine perdue. Je suis perplexe, je me demande combien elles sont à l’intérieur de cette mère-là…
La mère « J’ai vraiment trop peur d’attraper la Covid »
Celle là est très récente. Elle qui d’habitude aime tant te tenir la jambe pendant 56 minutes en te parlant de sa vie, décide désormais de totalement te fuir…Armée de son masque et son gel anti-bactérien, elle se tient à 25 mètres de toi et ne te fait même pas un signe de peur que tu t’approches d’elle…Bon allez celle- là on peut (quand même) un peu la comprendre en ce moment pas vrai ?
Et puis il y a l’autre mère
Si tu ne rentres dans aucune de ces catégories arbitraires, tu es l’autre mère ! Comme moi ! Par contre, il y a de fortes chances pour que, du coup, tu rentres dans la catégorie « Mère que je ne peux pas encadrer » d’au moins une de celles décrites ci-dessus… Et oui, on est sans doute toutes des mères détestées par d’autres. Mais promis, moi je t’aime bien.