De la peur de souffrir à la peur de mourir : la peur de l’accouchement revêt de nombreux aspects et fait partie des sujets tabous liés à la grossesse. Mary Le Berre, notre psychologue, va au fond du sujet.
La date de votre terme approche, mais entre impatience et excitation, vous êtes surtout paniquée : vous avez peur de souffrir et que votre accouchement se passe mal… Qu’on se rassure, la peur de l’accouchement est totalement normale, surtout lorsqu’on n’est pas encore passée par cette épreuve à la fois physique et psychique. Même si les visites prénatales et les progrès de la technologie médicale sont là pour nous rassurer.
L’accouchement est une épreuve physique et psychique, car elle renvoie à l’ancestral, à l’inné.
Notre cerveau reptilien est le 1er concerné, donc il se joue ou se rejoue de notre histoire, de nos peurs les plus intimes, familiale et ancestrale.
Peur de l’accouchement : crainte de l’inconnu
Quand une future mère confie sa peur de l’accouchement, c’est souvent sa crainte de l’inconnu qu’elle exprime.
Un accouchement comporte une part de violence : une étude menée en Israël, publiée dans le journal Israel Medical Association Journal (IMAJ) a même révélé qu’une femme sur trois présente tous les signes d’un trouble de stress post-traumatique après avoir accouché, un trouble généralement associé à la guerre ou aux attaques terroristes.
L’effraction que constitue le passage du bébé dans un lieu intime et érotisé peut aussi troubler certaines femmes.
L’accouchement, la naissance d’une mère
On sait qu’avec l’arrivée du bébé, notre vie va basculer et que rien ne se sera plus comme avant. Accoucher, c’est aussi devenir mère, et de nombreuses interrogations nous assaillent avant et même après la naissance du bébé : une femme sur 10 environ, qui a peur de ne pas être à la hauteur, est touchée par les symptômes du Baby Blues… Et c’est normal, comment être sûre qu’on sera une bonne mère ?
La peur de l’accouchement, une histoire de famille
Les peurs varient d’une femme à l’autre parce qu’elles dépendent de leur histoire personnelle. Plus celle-ci est lourde (fausses couches dans la famille, naissance difficile d’un premier enfant, handicap…), plus les craintes ressenties à l’approche de l’accouchement risquent d’être importantes. Cette angoisse pourra se focaliser sur quelque chose de concret, comme la peur des forceps ou d’une césarienne par exemple.
L’accouchement, une « peur familiale »
La représentation, positive ou non, qu’on a de l’accouchement vient en partie de ce qu’inconsciemment notre mère ou quelqu’un d’autre de la famille nous a transmis.
C’est ainsi que, d’une génération à l’autre, on retrouve des inquiétudes identiques de mère en fille. Comme une peur ancestrale qui renvoie aux générations passées, à nos arrières-grands-mères qui risquaient leur vie pour donner naissance à leur bébé.
Certes, aujourd’hui le risque de mourir pendant l’accouchement a pratiquement disparu de nos sociétés occidentales, mais cette éventualité n’est pas sortie de l’esprit de certaines femmes…
Attention aux récits violents d’accouchements
Même si nous ne sommes pas particulièrement angoissées, notre entourage se charge souvent de nous rappeler, précisions à l’appui, le déroulement d’une naissance. Sans parler de tous ces accouchements aussi insolites les uns que les autres qu’on voit à la télé et sur internet… Ce qui n’est pas toujours très rassurant !
Il est difficile pour une femme enceinte, qui entend ce type de récits, de ne pas faire le lien avec son propre accouchement. La psychologue, qui consulte en maternité, est là pour dédramatiser et veille à différencier les histoires pour que la future mère retrouve sa singularité… et sa sérénité !
Parler de ses angoisses aux professionnels de santé
Grâce à la médicalisation de la grossesse et de l’accouchement, la mortalité périnatale a beaucoup diminué. Pourtant, ces progrès génèrent de nouvelles frayeurs.
Certains examens (amniocentèse, échographie, analyses sanguines…) ne sont pas toujours bien compris ou parfois mal expliqués par le personnel médical. Ce qui explique, d’après de nombreuses sages-femmes, que la plupart des futures mères perdent leur « sécurité intérieure » et doutent sur leur capacité à mener à bien leur grossesse et la naissance de leur enfant.
Quelle que soit l’origine de nos peurs, mieux vaut en parler à un professionnel. Assister aux cours de préparation à l’accouchement, dire ses craintes à la sage-femme, consulter un psy, c’est important et ça peut débloquer beaucoup de choses.
Si vous avez peur de l’accouchement, ne restez pas seule.
Mary Le Berre est psychologue comportementaliste.