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Papa solo : « Vouloir l’égalité parentale, ce n’est pas être contre les mamans »

Les histoires d’amour ne sont que des cas particuliers, leur fin aussi. Mais beaucoup ont une chose en commun : papa et maman se séparent, et c’est maman qui a la garde des enfants. Et, dans ces familles éclatées, il arrive que papa veuille une garde totalement partagée : l’égalité parentale. C’est le cas de Clément, voici son histoire.

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En 2008, Clément s’est installé avec sa famille au complet (une compagne et deux filles) à Bordeaux. Trois ans plus tard, le couple s’est séparé.

« J’imaginais la garde alternée, d’autant que toutes les conditions pour qu’elle soit mise en place étaient réunies, mais le jugement a donné la garde à la mère de mes filles. J’ai eu l’impression de passer dans une lessiveuse. »

Clément entend alors parler du Café des Pères : ce dispositif créé en 2010 par la mairie de Bordeaux et la CAF de la Gironde ouvre gratuitement ses portes deux lundis soirs par mois aux pères séparés. Ils viennent parler de leurs difficultés à voir leurs enfants, à faire entendre leur droit à la garde.

« Certains pères n’avaient pas vu leur enfant depuis 3 ans. Le Café des Pères accueille tous les pères, et ils sont très hétérogènes, ils viennent de tous les milieux mais ils sont confrontés aux même problèmes. »

Là bas, Clément fait la connaissance des fondateurs d’une association née de la rencontre entre deux pères séparés qui ont voulu poursuivre ce lien entre parents seuls : Barbes à Papas est née en 2012.

« Le but de l’association était de réunir les parents séparés -et pas seulement les papas – et leurs enfants. Quand on n’a pas la garde de son enfant, il construit sa vie en dehors. L’école, les copains, le quotidien : rien de tout cela n’est là quand l’enfant est chez l’autre parent, en l’occurrence le père, le plus souvent. L’idée était donc de mettre en place des rendez-vous festifs entre amis pères séparés, mais aussi ouvert à tous les parents séparés. Le premier pique nique a eu lieu -et c’était un hasard – le jour de la fête des pères en 2012 : plus de 200 personnes sont venues. »

Au gré des évolutions de chacun, l’association Barbes à Papa vivote désormais, mais ne capitule pas et reste ouverte à tous ceux qui auraient besoin d’elle. Car, pour Clément :

« Vouloir l’égalité parentale, ce n’est pas être contre les mamans. Nous sommes tous fragilisés par ces séparations amoureuses dont la conséquence est que les pères sont séparés de leurs enfants sans grand espoir pour beaucoup d’accéder à la garde alternée. Rien n’est fait pour donner aux pères la place qu’ils veulent prendre lorsqu’ils expriment la volonté de le faire. »

Que dit la loi française ?

Médiatisée soudainement en février 2013 lorsqu’un père séparé est resté 3 jours en haut d’une grue à Nantes pour dénoncer le fait qu’il ne voyait plus son fils (on peut lire le détail de son histoire ici ), la question de la place des pères séparés auprès de leurs enfants soulève encore et toujours des passions.

« L’un des membres de Barbes à Papa, en voulant défendre les droits des pères séparés, a lui-même fait les frais de son engagement dans son histoire personnelle. La médiatisation de son histoire a très probablement joué en sa défaveur dans son combat pour obtenir la garde partagée de ses filles. Depuis plus de 3 ans et alors que toutes les conditions sont réunies pour qu’elle soit mise en place, elle lui est toujours refusée. »

Du côté de la législation, le projet de « Loi Famille » voté en juin 2014, prévoit la double domiciliation de l’enfant en cas de séparation des parents, dont la résidence serait alors établie dans chacun des domiciles.

Statistiquement, la résidence alternée est généralement accordée lorsque les deux parents sont d’accord, mais refusée dans 80 % des cas si la mère s’y oppose.

Le fait que chaque histoire est unique et forcément complexe dans les cas de séparations qui se « passent mal » trace peut-être les limites de la loi, il n’empêche qu’il existe bel et bien des pères séparés à qui la garde alternée et l’égalité parentale est refusée.

Des cas individuels, des cas personnels, qui sont tous, au bout du compte, des pères malheureux de ne pas voir le principe d’égalité respecté quand ils en font la demande.

« Plus proches de leurs enfants, plus investis dans leur éducation, plus « capables » que jamais de changer une couche et de s’occuper de leurs enfants, les pères d’aujourd’hui sont aussi le résultat de l’évolution de la société et de la sensible redéfinition des rôles de chacun dans la famille. Pourquoi, dès lors qu’ils en expriment la volonté, l’égalité parentale ne pourrait-elle pas être accordée à ces pères qui la demandent ?« , conclue Clément.

En effet : pourquoi ?

 

 

 

À propos Béatrice Knoepfler

Journaliste, auteur d'un livre de grossesse et co-auteur de deux filles tout à fait géniales, Béatrice Knoepfler est également femme de ménage (chez elle), cuisinière, lavandière, joggeuse à la petite semaine, férue de littérature et de tissus liberty et nulle en crochet. Une vraie femme moderne, comme toi ! C'est d'ailleurs pour au moins une de ces bonnes raisons que c'est ta copine et notre super rédac'chef.

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