On a souvent tendance à vouloir asseoir les bébés, le plus souvent entre 6 et 9 mois, des travaux pédiatriques* démontrent pourquoi il est impératif de laisser le bébé s’asseoir tout seul. Allez, on laisse bébé bouger !
Pourquoi on assoit bébé ?
Allez, on l’a toutes fait : vers 6 mois, ou un peu après, on a assis notre bébé au milieu de son tapis d’éveil, avec une multitude de coussins de tous les côtés, au cas où il tomberait. Ce « au cas où » aurait pu nous mettre la puce à l’oreille, car bébé vacille et tombe souvent à la renverse. Et c’est, justement, le signe qu’il n’est tout simplement pas prêt à s’asseoir. On assoit bébé parce qu’on se dit, inconsciemment ou pas, qu’il est mieux dans cette position, pour jouer et pour voir le monde qui l’entoure. Mais on se trompe, et voici pourquoi.
Pourquoi ce n’est pas bon pour bébé de l’asseoir
Entre 6 et 9 mois, donc, parce qu’on assoit bébé, on considère qu’il se tient assis. la nuance est là, et elle est de taille, car tant que ce n’est pas lui qui se met dans cette position, il est inexact de dire qu’il s’assoit. Les travaux de la pédiatre Emmi Pikler démontrent que le fait d’asseoir bébé va à l’encontre de son développement psychomoteur : installé dans cette position sans l’avoir trouvé lui-même, il est tout simplement empêché de bouger comme il le souhaite et à son rythme. Au bout de quelques minutes, voire 1/4 d’heure, bébé se fige et lâche prise, par ennui. Car il ne peut jouer en toute liberté avec les objets.
Entraves physiques et étapes motrices
Assis « malgré lui », les jambes de bébé sont à l’horizontale et forment un triangle à partir de son tronc, les pieds sont flexes : il ne peut pas plier ou bouger ses jambes, tandis que le haut de son corps est en position verticale. Le haut et le bas de son corps sont dans des directions radicalement opposées, dans un équilibre précaire car il n’est pas encore prêt à gérer cette posture qui est encore bien complexe pour lui et se fatigue.
La motricité de bébé se développe au fil du temps et des ses propres expériences, il apprend intuitivement à orienter son corps au fur et à mesure de la découverte de son environnement. Posé en position assise, bébé est en fait dans une posture passive qui limite sa mobilité mais aussi son champ d’investigation : tenir la position sans pouvoir bouger, maintenir sa tête encore lourde, être déséquilibré à la moindre tentative d’attraper un objet, n’avoir la possibilité de regarder que ce qui est posé devant lui… ce n’est pas très stimulant !
Il n’y a qu’à faire le test soi-même !
Pour mieux comprendre l’inconfort de bébé assis sans l’avoir choisi, il suffit de faire le test soi-même : s’installer dans la même position que celle dans laquelle on pose bébé est un très bon indicateur de l’entrave des possibilités motrices et met rapidement en évidence les tensions physiques ressenties un peu partout dans le corps.
Il n’y a pas d’urgence à ce qu’un bébé soit assis
Bébé découvre le monde à son rythme, grâce à ses formidables capacités d’évolution et d’adaptation à son environnement. Et c’est justement en optimisant ce dernier pour l’amener à toutes les découvertes qui le feront bouger -jeux évolutifs, tapis d’éveil… – qu’il sera en mesure, lui-même, en appréhendant son corps, de se mettre assis tout seul, un beau jour ! En roulant sur le dos, puis sur le ventre, en rampant, bébé va se muscler physiquement tout en développant ses capacités motrices et la maturité globale qui l’amèneront à se tenir assis, puis bien droit. Allez, on laisse bébé bouger, et on le regarde pour l’accompagner dans toutes ses trouvailles !
* D’après les travaux de la pédiatre Emmi Pikler, relayés par l’association prônant la motricité libre Pikler-Loczy.