Chère maman, cher papa, un jour viendra où ton enfant entendra des pelletées de gros mots. Il les retiendra. Ensuite, il les répètera, mais sans trop savoir ce que ça veut dire. Et ça, mes petits cocos, ça se prépare ! Comment ? Comme ça !
La cour de récré, couveuse à gros mots
Un jour, tu as eu 6 ans. Tu jouais dans la cour de récré, et tu as entendu un mot classé Secret-Défense par tes parents, catégorie méga gros mot. Et tu as vécu un moment de solitude car, malgré toute ta bonne volonté, tu ne savais pas ce que signifiait le terme « encu** ».
Parce que tu es une bonne mère, un bon parent, tu ne veux pas que ça arrive à ton rejeton, car se sentir andouille au milieu des autres sous prétexte qu’on ne pige pas le gros mot, ça craint. Donc, la solution est simple : il faut apprendre les gros mots à ton enfant !
Car non, je dis non : les enfants doivent passer bien assez de temps comme ça à apprendre plein de nouveaux trucs à l’école (dans la classe, j’entends) pour qu’on les surcharge de supputations sur le sens des gros mots entendus à la récré !
C’est une question de bon sens : dis-toi bien que pendant qu’il se demande ce que veut dire gro*** pu**, il n’est pas concentré sur la géométrie.
Réalisant ce terrible manque-à-gagner pour ma fille, j’ai décidé pour son bien de faire moi-même son éducation au langage ordurier. Un peu comme l’école à la maison, mais en version « cour de récré à la casa ».
Comment éduquer son enfant au langage ordurier
Le principe de cette éducation est simple comme tout à mettre en pratique, il suffit de dire à son enfant :
» Quand tu entends un gros mot que tu ne connais pas, tu me le dis. Et je t’expliquerai ce que ça veut dire. »
Voilà, c’est tout. Après, il est judicieux de vérifier que l’enfant a bien saisi et qu’il ne se trompe pas de contexte quand il le place, à la condition expresse que ce soit loin de tes oreilles et de celles de la maîtresse (ou du maître, ça existe aussi).
Oui, parce que c’est aussi ça, l’éducation à la grossièreté : il est impératif d’expliquer à l’enfant que l’important, c’est de savoir ce que ça veut dire et, surtout, de ne jamais le dire devant ses parents ou ses enseignants. Faut pas déconner, non plus.
Ainsi, ma fille, toute heureuse de pouvoir en dire un nouvellement appris, s’est entraînée pour bien appréhender le sens du mot « con » après m’avoir demandé ce que ça voulait dire (pas pratique, celui-là, d’ailleurs. Il veut dire plein de trucs. Mais je ne me suis pas étendue sur la sémantique : con, ça veut dire bête, embêtant, voilà.). Voici la conversation qui a suivi :
– Gontrand, il est con.
– Très bien ma chérie. C’est ça. Bien placé. Mais tu ne lui dis pas, d’accord ?
– Oui. Mais, quand même… Gontrand, il est VRAIMENT très con !
Et hop, parfait. La syntaxe est respectée, l’idée générale mise en valeur par l’usage de l’adverbe. Parfait, c’est parfait.
Pas avant 6/7 ans, quand-même
De toute façon, à bien y réfléchir, les gros mots, c’est la vie ! En vulgaire, d’accord.
Mais quelle mère ou quel père n’a jamais lâché un juron, une saillie à faire pâlir une armée de légionnaires, n’a jamais commencé une phrase par « p**tain », dans un moment inattendu (doigt découpé à la place du concombre, petit orteil fracassé contre le coin de la table, colo maison encore loupée…) face à son enfant ? N’oublie pas que les parents sont des modèles !
Savoir ce que ça veut dire et ne pas le dire devant n’importe qui, ça les arme pour la vie future !
Attention, toutefois, à ne pas commencer le module éducatif trop tôt, inutile d’anticiper. Veille, mais à partir de l’entrée en primaire, prépare-toi à dégainer. Car tu n’es pas à l’abri d’une sortie innocente dont les enfants ont le secret. Il suffit par exemple d’une petite méconnaissance du sens d’un mot pour entendre ton enfant claironner « Oh, maman, regarde comme il est beau ce gros encu.. là bas ! »
Solitude, solitude… si ça t’arrive, tu ne pourras pas dire que tu n’as pas été prévenu(e).