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Témoignages de mamans : « J’ai décidé d’avoir un bébé toute seule »

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Une petite présentation en quelques mots

Je m’appelle Laetitia. J’habite en Alsace et je vais bientôt fêter mes 28 ans. Je travaille sur les chantiers sur lesquels je supervise la sécurité. J’ai un seul enfant qui va fêter ses 3 ans cet été.

Pourquoi avoir décidé d’avoir un enfant toute seule ?

Il y a 4 ans environ on m’a diagnostiqué une tumeur sur le col de l’utérus. Il fallait opérer. Les médecins m’ont dit qu’il fallait faire une ablation de l’utérus, ce qui signifiait, plus de possibilité d’avoir d’enfant. Pour moi c’était inconcevable de poursuivre la vie sans enfant. Après en avoir parlé longuement avec mon médecin il m’a promis de faire tout ce qu’il pouvait pour éviter de faire une ablation totale de l’utérus. Résultat de l’opération : on m’a enlevé un petit morceau du col seulement.

La première chose que je me suis dit : « Ouf ! Je pouvais encore avoir des enfants », mais ma joie fut de courte durée. En effet, juste après, les médecins m’ont annoncé :  » c’est comme si on arrache une mauvaise herbe sans enlever les racines  »  » ça peut revenir dans 1 mois, 1 an, 10 ans on ne sait pas ». Et la prochaine fois, c’est l’ablation…

Étant célibataire à l’époque je me renseigne donc pour avoir le droit à un don de sperme. En France c’est interdit et à l’étranger cela paraissait très compliqué. C’est alors qu’un ami devenu très proche pendant cette période douloureuse m’a proposé de me faire don de son sperme. Nous en avons beaucoup parlé, nous nous sommes mis d’accord sur ce que l’on attendait l’un et l’autre et nous avons franchi les limites de la simple amitié pour concevoir de manière « naturelle » un bébé.

Comment s’est passée la grossesse ?

Peu de temps après, la bonne nouvelle. J’étais enceinte et la plus heureuse au monde. J’ai vécu pleinement ma grossesse. Le donneur m’a rendu quelques visites pendant ces neuf mois. Il est vrai que même si ma sœur était très proche de moi et qu’elle m’accompagnait dès qu’elle le pouvait, il y a bien des moments où je me suis sentie seule et où j’aurais aimé partager ça avec le papa.

Comment ton entourage a réagi ?

Tout mon entourage connaissant mes problèmes de santé ont très bien pris la nouvelle.

As-tu vécu ton accouchement seule ?


Ma sœur m’a accompagné le jour de l’accouchement. Là aussi, même si elle a été formidable, forcément le papa me manquait.

Comment s’est passé le retour à la maison ?

Je suis rentrée toute seule de la maternité avec mon bébé, les valises, les cadeaux… J’ai allaité mon fils pendant 5 mois. Il ne faisait pas ses nuits. C’était difficile parfois. Oui, il y a eu des moments difficiles mais c’était tellement…. bon et réconfortant de l’avoir enfin. Je ne garde que de bons souvenirs.

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui je suis une maman épanouie. J’ai fait l’effort de ne pas m’oublier. J’ai continué à sortir, à voir du monde. J’ai souvent culpabilisé quand je laissais mon fils en garde pour quelques heures chez sa grand-mère mais quelle mère n’a jamais culpabilisé ? Et puis, j’ai retrouvé l’amour ! Pour moi il était évident que mon compagnon accepte mon enfant. Et j’ai trouvé un papa de cœur pour mon fils. Quand je l’ai rencontré, mon fils avait 1 an 1/2. Très vite mon compagnon a pris une vraie place de papa. Sa famille aussi l’a très bien accepté. C’était très important pour moi.

As-tu l’intention de raconter son histoire à ton enfant ?


Mon fils appelle ma belle-famille mamie papi… mais n’appelle pas mon compagnon « papa ». Avec le donateur nous nous étions mis d’accord pour ne pas lui cacher la vérité. Mon compagnon lui aussi était d’accord avec ce principe. Du coup mon fils lui a trouvé un petit surnom. En septembre il rentre à l’école. Je pense que les premières questions vont arriver. Nous essayerons de lui expliquer le plus simplement possible. Nous essayons aujourd’hui d’avoir un second enfant. L’occasion pour moi de vivre une grossesse à deux. Mais cela ne changera rien pour mon fils. Pour tout notre entourage, il a une maman et un papa de cœur.

Une chose à rajouter ?

Beaucoup de personnes me disent que j’ai été courageuse. Moi je trouve que mon geste était égoïste vis à vis de mon fils. J’ai pris la décision de le priver de son père biologique même si je fais tout mon possible pour qu’il n’en souffre pas. Avec le recul je ne regrette rien. Je n’ai plus de nouvelles du donneur. C’est ce qui était convenu. Il devait juste être le donneur. Personne ne connaît l’identité du père. Mais j’ai laissé une lettre au cas où il m’arrive quelque chose un jour afin que mon fils puisse avoir toutes les réponses à ses questions.

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A propos de Anne-Laure Galluchon

Maman d'une adolescente en pleine puberté, d'une petite puce de 5 ans et d'un petit bonhomme de 6 mois, je suis une vraie pile électrique. Faut que ça bouge tout le temps ! On dit de moi que j'ai une sacrée répartie mais quand on est maman, on a plutôt intérêt à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Je dis tout haut ce que beaucoup de mamans pensent tout bas !