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Témoignages de mamans : « Je suis maman de jumeaux »

 

Claire:   » Ce n’est pas facile, mais le  jeu en vaut la chandelle « 

Une petite présentation en quelques lignes

Je m’appelle Claire, j’ai 25 ans, deux enfants, je suis conseillère clientèle et je vis en Normandie. Avant de tomber enceinte, il m’aura fallu un an et un traitement, léger.
Quand j’ai fait le test,  il a commencé par afficher « Enceinte », j’attendais le « Pas » devant car je n’y croyais pas. Il a fini par afficher « 2-3 semaines ». J’étais tellement heureuse que je l’ai pris en photo (je l’ai encore) et je l’ai envoyée à mon mari !

Comment as tu réagi quand on t’a annoncé que tu attendais des jumeaux? 

J’ai fait une prise de sang pour confirmer et j’ai pris rendez-vous chez ma gynécologue pour la suite. Elle a passé la sonde pour étaler le gel et j’ai vu deux poches noires.
« Ah, me suis-je dit, il y en a deux ! »
Le médecin commence « En voilà un.» Ma première réaction c’est « Zut, j’ai rêvé » et elle enchaîne « Et voilà le deuxième ! ».
Dans ma famille les jumeaux sont nombreux, donc je n’étais pas vraiment surprise, mon mari non plus puisque je l’avais prévenu mais il a tout de même osé un petit « Il y en a pas trois hein ? » depuis l’embrasure de la porte.
Une fois sortis j’ai bien vu qu’il était légèrement sous le choc, je l’ai rassuré, je lui ai dit qu’on s’en sortirait et j’ai appelé ma mère, qui m’avait annoncé dès le début « Tu vas voir, je suis sûre que tu attends des jumeaux ! ». Elle a perdu mon jumeaux à 2 mois de grossesse, elle était ravie pour moi cependant mais m’a encouragé à être prudente.

Comment s’est déroulée ta grossesse ?

J’ai eu l’accord de mon médecin pour l’annoncer à mon travail, un peu tôt par rapport aux grossesses simple, mais il y avait des risques de complications.
Toujours avec son accord nous sommes partis au Etats-Unis pour 15 jours, un magnifique voyage, tout s’est bien déroulé, le personnel à bord des avions était adorable ! Nous sommes passés en priorité aux douanes également. En même temps, à trois mois de grossesse j’avais le ventre d’une femme enceinte de 6 mois, tout le monde était prévenant !
Le retour en avion a été très éprouvant, les nausées, le sommeil, la position assise, les heures d’attente entre deux correspondances, la fouille à la douane, J’étais ravie d’arriver enfin chez nous !
Après ce voyage je n’ai plus pu travailler, j’ai souffert d’insomnies assez éprouvantes, de douleurs ligamentaire et puis, un soir de février, nous sommes allés au restaurant avec des amis et avons terminés à l’hôpital, j’avais mal au ventre et, plus tôt dans la journée, lors de la visite mensuelle, mon obstétricien m’avait annoncé une légère ouverture du col. Nous n’avons pas pris de risques et nous nous sommes retrouvés en salle d’accouchement.
Dans une salle adjacente j’ai entendu une femme hurler, « L’anesthésiste est très pris ce soir «  m’a dit la sage femme. J’ai sourit et j’ai dit que j’allais mieux que j’allais partir parce que bon, je ne voulais pas déranger et que si l’anesthésiste était pris je ne voulais pas accoucher !
Mon obstétricien n’a pas voulu prendre de risque et m’a dit qu’ils allaient me garder, par précaution, pendant 48 heures. Il m’ont fait une piqûre de Celestène, pour la maturation des poumons des enfants, au cas où. Quand on vous dit que ça brûle, n’imaginez pas un léger picotement,  ça brûle fort ! Et vous avez le rappel quelques heures après, en pleine nuit pour ma part.
Je suis restée à l’hôpital 10 jours. Je souffrais d’une sévère anémie, mes analyses étaient de plus en plus mauvaises. J’ai eu le droit au panel complet d’analyses diverses et variées, une ponction sternale, plusieurs prises de sang chaque jour, etc… En fait les bébés ont pillés mes réserves de vitamines et de fer en quelques semaines. Je ne suis pas passée loin de la transfusion.
Quand j’ai finit par sortir je ne suis pas beaucoup sorti de chez moi, avec mon ventre je ne pouvais plus conduire et mes douleurs ligamentaires se réveillaient à chaque changement de vitesse. J’ai passé mes derniers mois couchée dans mon canapé, à lire, regarder la télévision et prier pour accoucher !
J’ai été hospitalisée une dernière fois, à 38 sa (semaines d’aménorrhée) + 1 jour pour un déclenchement 2 jours plus tard.

Et l’accouchement ?

J’ai été conduite dans une salle d’accouchement à 9 heures, j’avais proposé à mon mari de me rejoindre pour 11 heure, sachant que rien ne se produirait avant et voulant lui faire économiser des forces. Franck, le sage femme, et Clara, l’étudiante, m’ont accompagnés. Lui à trouvé sympa que je laisse mon mari dormir, l’ambiance était joyeuse, propice aux plaisanteries, et je m’en suis donnée à cœur joie ! J’allais être enfermée dans cette pièce pendant des heures, autant en rire !
Une fois branchée à toute les machines il ne restait plus qu’a attendre ! Toutes les heures mes amis du jour venaient vérifiait l’ouverture de mon col. Mon mari a finit par me rejoindre, frais et dispo. Il a tout de suite été à l’aise dans l’ambiance bon enfant qui régnait.
Après quelques temps Franck m’a dit « On va vous percer la poche des eaux puis appeler l’anesthésiste pour la pose de la péridurale » ce à quoi je lui ai répondu « Ah non, dans le sens inverse, d’abord la péridurale et après la poche des eaux » ayant entendu qu’une fois la poche percée les contractions devenaient douloureuses. Moi qui, jusque là, gérait plutôt bien la douleur je ne souhaitait pas tout gâcher !
« Je vais voir ce que je peux faire » m’a t-il dit en souriant, et il est revenu avec l’anesthésiste, ce magicien !
Franck me dit « Clara passe son diplôme, ça ne vous dérange pas que je lui fasse réviser les effets de la péridurale pendant qu’on vous la pose ? » « Oh non, allez-y ! ».
Et, pendant que le médecin s’affaire avec les aiguilles dans mon dos il commence. Il lui demande les effets, à quel moment elle est posée et puis, les effets secondaires possibles. L’anesthésiste et moi nous les fixons et je leur dit « Heureusement que je ne suis pas paniquée parce que là, quand même… », le médecin enchaîne « Elle a raison, vous y allez fort, et juste quand je vais piquer en plus ! » et nous rigolons.
Viens le moment désagréable, celui de la pose de la péridurale. Plutôt ardu de faire le dos rond quand votre réflexe premier est de vous redresser à la sensation de l’aiguille dans le bas de votre dos. « Vos vertèbres sont vraiment serrés ! » « Dites tout de suite que je suis tassée !», après un flottement j’ai rit, lui, Franck et Clara aussi.
Une fois la péridurale posée il m’a expliqué le fonctionnement, très simple, et je me suis empressée d’appuyer sur le bouton magique, pour tester ! Et quel test!J’ai compté 10 minutes pour appuyer de nouveau, je ne voulais pas souffrir !
La porche des eaux fut percée et les choses ont commencé à s’accélérer.
Par contre, vous pouvez oublier les toilettes, j’ai cru pouvoir y aller mais non ! A la place on m’a apporter un bassin, j’ai mis quelques secondes à comprendre ! Mais après des semaines de grossesse je vous assure qu’on oublie la pudeur !
Les heures se sont enchaînées, les visites des sages femmes étaient régulières, on a fait une prise de sang sur le crâne de ma fille pour vérifier qu’elle ne souffrait pas des contractions, mais non, tout allait bien ! Vers 18 heure mon obstétricien est venu m’annoncer qu’il finissait son service et que ce ne serait pas lui qui m’accoucherait.
Je lui ai souhaitait une bonne soirée et recommençait à attendre.
A 19 heure 30 les sages femmes venaient m’annoncer à leur tour la fin de leur service d’ici 30 minutes. Pour cela j’étais un peu triste car j’aurais aimé qu’ils soient présents.
15 minutes plus tard j’appuyais sur le bouton d’appel « Je crois que je sens sa tête très bas » « Oh pas déjà, je vais vous examiner ! Oh ! Oui ! C’est le moment ! ». Ce sera donc bien Franc et Clara qui m’assisteront !
Les choses sont allées très vite. Beaucoup de gens sont entré, 2 puéricultrices, mes deux sages femmes, l’obstétricien de garde, des étudiants, (des spectateurs?), bref une petite dizaine de personne !
Après quelques minutes de poussées, l’obstétricien, resté observateur, finit par dire « Si dans 5 minutes ça n’a pas avancé, on fait une césa » et la je me dit « Ah non mon p’tit pote, tu es là depuis 10 minutes, moi depuis 9 heure ce matin, tu vas attendre un peu ! ».
Pendant toute ma grossesse mon fils, au dessus, était en siège (les jambes vers le bas), du coup on m’avait parlé d’une rétroversion manuelle, voire d’une césarienne pour lui. Heureusement il s’est retourné deux semaines avant l’accouchement, et sans que je ne le sente ! Mais je m’étais faite à l’idée d’accoucher par voie basse pour ma fille et d’avoir une césarienne pour mon fils. Peu m’importait du moment que tout se passait bien !
Finalement ma fille est sortie, avec l’aide de la ventouse, je lui ai à peine jeté un regard, pour m’assurer que tout allait bien, puis je me suis concentrée pour mon fils. Aucun scrupule, du moins sur le moment, mon mari veillait !
Mon fils est sorti 7 minutes après et ils ont été tous les deux mis en couveuse, ils se regardaient et ne pleurait pas. Mon mari et moi nous les regardions tout en surveillant le monito qui confirmerait que tout allait bien.
Nous sommes reconduits dans notre chambre en suite de couche vers 23 heure, les puéricultrices proposent de garder les enfants, je refuse, voulant les admirer mais elles insiste arguant que j’ai besoin de repos.
A peine couchée je m’endors, des cris me réveillent et je suis convaincue que ce sont mes enfants, je me lève, le pichet d’eau à la main pour avoir une bonne excuse, et me dirige vers la nurserie. Mes enfants dorment paisiblement. Je retourne me coucher jusqu’à 6 heure, heure à laquelle la puéricultrice me ramène les berceaux. Elle m’explique le fonctionnement, me rapporte des biberons tout prêts et des tétines et m’invite à les appeler au moindre soucis.
C’est là qu’un sens aigu de l’organisation s’est développé chez moi, imaginez un peu, un repas toutes les deux heures par enfant, un change avant chaque biberon, les changes quand la couche déborde, les bains, et vous, il faut aussi penser à s’occuper de vous ! Tout cela dans 9 m² avec des visiteurs qui s’enchaîne, qui reste et vous raconte des banalités alors que vous dodelinez de la tête.
Et puis viens le premier soir, le soir où vous êtes seule, le soir où vous comprenez que vos bébés vivent la nuit, pleure à fendre les pierres entre 20 heure et 23 heure sans que vous sachiez pourquoi et c’est surtout le soir où vous prenez conscience qu’il vous manque des bras et que les mois à venir vont être difficile.
Le lendemain mon mari vante à nos visiteurs du jour à quel point nous avons de la chance, que nos enfants dorment comme des anges et je lui répète « Ne dit pas ça, tu n’es pas là en fin de journée ! ». Il a persisté jusqu’au jour où nous avons rejoint la maison tous les quatre.

Comment s’est passé le retour à la maison ?

La première nuit à été difficile, pour mon mari surtout, je commençais à m’habituer à me réveiller toutes les deux heures pour donner le biberon. Entre deux réveils et au milieu des pleurs il m’a regardé, les yeux rougis « Plus jamais je ne dirais que ce sont des anges qui dorment bien ! ».
Les deux premiers mois ont été chaotiques, les enfants se réveillait toutes les 3 heures, puis toutes les 4 heures pour manger, parfois, au milieu de la nuit, je pensais que nos nuits seraient toutes comme ça désormais, sans imaginer une fin à ce rythme !

Et aujourd’hui, au quotidien ?

A quatre mois ils ont fait des nuits complètes, 21 heure/ 8 heure 30, un véritable soulagement !
Nous avons fini par trouver un rythme qui convienne à mon mari et moi, les week end nous nous levons chacun notre tour, laissant l’autre dormir plus longtemps, les bains sont fait un jour sur deux. Bien sur nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous sommes très heureux, nous rigolons souvent avec les enfants qui sont de vrais clowns, ils sont plutôt autonomes,du moins pour jouer, ils apprennent la patience et le partage.
J’ai dit il y a peu à l’une de mes collègues que je ne souhaitais cela à personne, c’est toujours vrai, c’est difficile, c’est parfois très difficile, j’ai souvent pleuré, d’épuisement, de découragement, mais j’ai aussi pleuré de joie, de rire, le jeu en vaut la chandelle. J’ai également dit à mon mari que si nous n’avions pas eu des jumeaux j’aurais sûrement eu du mal à le laisser trouver sa place, avec deux enfants je n’ai pas eu le choix, je ne peux pas avoir une relation exclusive et fusionnelle avec mes enfants, entre mon mari, mon travail, la maison, je n’en ai ni le temps ni la force !

À propos Tessa.g

Maman d’une coquinette et de deux petits diablotins, je jongle (ou enfin j’essaye) entre les couches, le boulot, les petits bobos, les conseils de la belle mère, les soirées entre copines, les fous rires, les emmerdes, les angoisses, les câlins. Bref, la vie d’une maman moderne quoi !

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