C’est un mal dont peu de mamans parlent. Culpabilité, honte, difficile de ne pas se réjouir d’être enceinte quand le monde entier vous rappelle que c’est un moment formidable. Trois mamans nous ouvrent leurs cœurs et nous parlent, sans concession, de ce qu’elles ont ressenti… Courageux.
« J’ai vraiment désiré cet enfant, mon conjoint et moi avons bataillé pendant quasi deux ans. Et puis, je suis tombée enceinte. Mon ami était fou de joie, notre famille aussi (ils savaient que tout n’avait pas été simple). Et moi j’étais seule. Seule face à ce débordement d’enthousiasme, j’étais incapable d’être heureuse. Fatiguée, déprimée, je jouais le rôle de la future maman épanouie, et au fond de moi, je ressentais un grand vide. Et si je le voulais vraiment cet enfant ? Ce n’est qu’au bout du sixième mois que j’en ai parlé avec ma gynéco. Une femme formidable, qui a su trouver les mots et me déculpabiliser. La grossesse est un grand bouleversement (hormonal et physique), elle m’a fait comprendre que nous n’étions pas toutes programmées pour vivre sereinement la grossesse. L’important étant d’en parler, d’évacuer ses angoisses. Bien plus qu’un médecin, elle a été ma confidente, je ne la remercierai jamais assez… »
Violaine, 34 ans.
« Je ne me suis rendue compte tout de suite que je faisais une dépression. J’avais tendance à mettre tout mon mal-être sur le compte de la fatigue, des nausées. Je ne mangeais quasi rien, et ne prenais pas un seul gramme, mais à l’inverse, maigrissais à vue d’œil. Je ne me reconnaissais plus, moi qui était toujours enjouée, bonne vivante, je n’avais plus goût à rien. C’est mon gynéco qui m’a alerté sur le risque de dépression. Il m’a orienté vers un confrère, un psy que j’ai vu très régulièrement jusqu’à la fin de ma grossesse, et que je vois encore. J’ai eu une enfance assez difficile, et ces traumatismes du passé, que j’avais réussi à enfouir toutes ces années, se réveillaient en moi… J’ai beaucoup travaillé sur moi, sur ce que j’étais, ce que je voulais devenir… Ça m’a fait un bien fou, et c’est aujourd’hui, indispensable pour moi ».
Ingrid, 25 ans
« Les six premiers mois de grossesse ont été catastrophiques. J’étais d’une humeur massacrante, tout m’irritait et c’est mon homme qui un jour, lors d’une dispute, m’a balancer au visage la phrase choc : « On a tout pour être heureux et tu fous tout en l’air ». J’ai réfléchis à tout ça. J’étais enceinte, bébé en pleine santé, moi aussi, un homme amoureux, une maison à nous, un bon boulot… Et pourtant, je déprimais. J’en ai parlé à ma mère. C’est elle qui a mis les mots sur mon mal-être. Du jour où j’ai pu prononcé les mots « je ne vais pas bien », du jours où j’ai pris conscience que ce n’était pas de la faute des autres, ni de la mienne, j’ai essayé de voir la vie sous un autre angle. L’accouchement s’est bien passé, je suis aujourd’hui une maman, et tout est rentré dans l’ordre ».
Béné, 30 ans