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Une maman, un métier : Je suis intermittente du spectacle

Anaïs, du haut de ses 24 ans est maman mais pas que ! Elle a choisit un métier atypique qu’elle adore mais qui est difficile à concilier avec sa vie familiale. Malgré tout, elle gère son quotidien d’une main de maitre. Pour Drôles de Mums, elle a accepté de nous parler de son travail et de sa vie de maman et de femme accomplie.

 

Photo d'illustration

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Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Bonjour je m’appelle Anaïs j’ai 24 ans, j’habite à Varades, une toute petite commune perdue entre Angers et Nantes. Je suis la maman d’Emma qui vient de fêter ses 2 ans. Je suis mariée avec mon homme depuis le 31 mai 2014. Mon métier est « technicienne son et lumière »

Tu es technicienne son et lumière, c’est-à-dire ? Comment organises-tu ta vie professionnelle et ta vie familiale ?

Être technicienne son et lumière cela signifie que je suis en charge (pas seule j’ai toujours une équipe avec moi) soit de la préparation du matériel son et/ou lumière, du montage de la prestation et du démontage du matériel pour des prestations telle que des conférences, des spectacles de danse ou des concerts, des rassemblements… bref tout type de prestations qui nécessite qu’une installation en son et lumière soit mise en œuvre.

Ma vie professionnelle et surtout familiale en tant que technicienne son et lumière n’est pas simple à organiser. En effet, il faut souvent jongler avec des horaires incongrus où l’on sait souvent à quelle heure on commence mais jamais réellement l’heure à laquelle on termine. Alors autant vous dire qu’un planning est impossible car je suis (j’étais mais je vais vous expliquer après pourquoi) ce que l’on appelle une intermittente du spectacle vivant. En gros je peux être appelée la veille pour le lendemain.

Le délai d’organisation est alors très court et a longtemps été source de problèmes avant que mon mari change de travail pour avoir des horaires mieux adaptés (il n’est pas du tout du milieu artistique).

Du coup pour l’instant, je fais des petits boulots à droite et à gauche afin de renflouer les caisses de la maison… J’ai enchainé manutentionnaire en usine ou j’ai bridé des poulets, ou encore conditionné des yaourts ou du beurre, puis travaillé pour Décathlon et récemment super U.

On pourrait croire que l’organisation est plus simple mais en fait non il faut jongler avec de nouveau un planning qui n’existe pas et des horaires souvent en équipe à savoir 5h-12h ou 12h-20h. De plus le travail ne se trouve pas à ma porte, j’ai donc souvent dans un cas comme dans l’autre au moins 1h de trajet.

Nous avons une assistante maternelle formidable qui est très flexible sur les horaires même si désormais le papa ne fait plus d’heure de nuit mais uniquement des horaires de journée ce qui facilite les choses. Emma est tout de même 4 jours sur 7 chez nounou à raison de 35 h par semaine.

On rencontre encore quelques soucis d’organisation quand mon mari a des astreintes à réaliser et que je travaille le week-end car oui ça arrive, et dans ce cas nous n’avons pas toujours la possibilité de laisser Emma chez ses grands parents (les uns sont souvent très pris et belle maman habite à 1h de route donc pas facile). Quant au parrain, il est jeune et vit encore chez mes parents et la marraine a quelques petits soucis de santé … Bref, on y arrive toujours ! Je crois de mémoire que je n’ai en tout refusé que 2 ou 3 fois du travail (mission intérimaire ou intermittente) parce que je n’avais personne pour garder ma poupi.

Est-ce que ton métier a une incidence sur la façon dont tu élèves ton enfant ?

Oh oui ! J’aime tellement le monde artistique que j’en fais longuement profiter ma fille … Je l’ai emmené à des animations musicales, lui ai très vite mis dans les mains un crayon et une feuille ou de la pâte à modeler… J’avoue mettre un point d’honneur à son éducation culturel. Et d’ailleurs déjà dans mon ventre elle montrait un intérêt particulier à la musique… Aujourd’hui à a peine deux ans on peut passer des heure à écouter de la musique et à chanter (Ah oui par ce que maman chante aussi !). Elle nous fait rire à danser depuis qu’elle tient debout et maintenant elle fredonne des airs en dansant partout dans la maison… J’ai aussi insisté pour qu’elle ait accès a des instruments de musique.

J’avoue être très fière que ma fille soit attirée par tout ce qui touche l’art. D’ailleurs elle m’épate quand je vois que ce petit bolide qui ne s’arrête jamais, sait rester sage et calme assise sur une chaise près de 40 minutes devant un spectacle pour enfants et observe les lumières en me disant que c’est jolie.

Bien sûr nous n’en oublions pas pour autant que ce n’est qu’un enfant et elle a des petites voiture et des poupons pour jouer et elle adore regarder les lapins crétins. Mais je dois avouer qu’à mon grand bonheur la télé ne l’intéresse pas plus que ça. Elle préfère me demander la musique sur l’ordinateur (elle écoute Muse ou Queen, adore Pink Floyd mais aussi et surtout ces petites comptines qui font qu’elle n’entend plus rien autour d’elle).

 Pourquoi as-tu choisi ce métier ?

Je crois que je ne l’ai pas choisi il s’est imposé à moi …  J’ai commencé par chanter et faire de la scène puis naturellement j’ai voulu comprendre les rouages d’un spectacle. Un jour mon père m’a dit « Tu n’aimerais pas en faire ton métier ?» ce à quoi à l’époque (je devais avoir 14 ans) j’ai répondu « ah bon parce que c’est faisable ? » En effet ça l’est mais au prix de lourds sacrifices dans ma vie. Je suis partie à 1000km de ma maison, de l’homme que j’aimais, seule dans une ville et une région que je ne connaissais pas à cheval entre paris et Nice en revenant parfois sur Nantes. Ce fut long et fastidieux, d’ailleurs ma mère a l’époque n’était pas enthousiaste à cette idée mais aujourd’hui je sais qu’elle est fière.

Aujourd’hui je peux dire qu’à chaque levé de rideaux l’émotion est là … les larmes parfois même, et regarder les yeux du public et y voir des étoiles, offrir de l’évasion et du rêve aux gens c’est ça qui fait que je trouve mon métier magique… être dans l’ombre sans jamais que personne ne se doute du travail parfois long et stressant de ce métier ou souvent il arrive une chose imprévue où l’on se dit « ayez c’est fichu on ne sera pas prêt à l’heure » ou « on va pas pouvoir jouer » et hop miracle on y arrive et c’est beau …

 Vie de maman et vie professionnelle, c’est difficile ? Ou autre chose ?

Les deux ont leur lot de difficultés ou de facilités. Ce qui est dur avec mon métier c’est que les femmes (les mères surtout) ne sont pas bien comprises et admises car on leur demande une souplesse horaire et de temps que les employeurs (salles ou entreprise de locations de matériel de prestation) n’estiment pas pouvoir recevoir de nous.

C’est dur de concilier mes deux vies mais j’ai choisi avant tout mon métier de maman quand j’ai vu que je n’arriverais pas à temps à faire mes heures et que je risquais de mettre en péril la famille. Ma fille m’apporte beaucoup de joie mais comme toutes les mamans j’aime aussi ces moments où je ne pense qu’à moi.

Si aujourd’hui tout était à refaire j’avoue que j’attendrais surement une année de plus avant de vouloir donner naissance à ma fille. Il faut dire qu’elle a choisi elle-même le moment où elle viendrait parmi nous alors nous l’avons accueilli et fait en sorte qu’elle soit heureuse et épanouie. Je crois que c’est cette vie que j’ai choisi et tant pis si ma vie professionnelle doit attendre un peu pour s’épanouir.

Je rêve d’une vie remplie d’étoiles pour ma fille et je fais tout pour qu’elle l’obtienne…

A propos de Laura Courel

Laura est à la tête d'une joyeuse petite tribu de 4 enfants, bientôt 5 ! Adepte des magasins de puériculture, elle est incollable sur tout ce qui concerne le matériel nécessaire à bébé. Au fil des semaines, elle va partager avec toi, ses bons plans, ses conseils gain de place ou encore petit budget... tout ça pour que tu achètes malin !