« Tu verras, quand tu tiendras ton petit ange dans les bras, c’est inné », « Avec ton bébé, les gestes te viendront naturellement« … Ces phrases toutes faites que nous entendons quasiment toutes lors de notre première grossesse ne collent pas toujours à la réalité. L’instinct maternel, un mythe ? Et si être mère, ça s’apprenait ? Nos mamans témoignent.
« Comme j’étais inquiète à l’idée de ne pas y arriver, certaines personnes de mon entourage ont eu la bonne idée de me dire « Ne t’inquiète pas, ça vient tout seul, c’est l’instinct maternel ». Rassurée sur le moment, j’ai complètement paniqué à l’arrivée de ma fille. Je ne savais pas comment la porter, j’avais peur de la faire tomber. Je me sentais totalement gauche. Heureusement que j’avais une sage-femme extraordinaire qui m’a fait comprendre qu’être maman, ça s’apprend tous les jours et que je ne devais pas me mettre la pression. » Nathalie, maman de Lucille 8 mois
« Le fameux instinct maternel ! A cause de lui, j’ai culpabilisé comme jamais les premières semaines qui ont suivi mon accouchement. J’avais l’impression d’être devenue un zombie à cause de la fatigue. Parfois je me disais que j’avais peut-être fait une erreur et qu’on aurait du attendre avant d’avoir un enfant. Je culpabilisais d’avoir de telles pensées et je n’osais pas en parler. C’est lors de ma visite de contrôle chez mon gynécologue que j’ai abordé le sujet. J’ai bien fait ! Le médecin m’a expliqué que c’était normal et que je devais être indulgente avec moi-même et laisser faire le temps. » Marisa, maman de Léo 3 mois
« Je sentais que ça couvait quand j’étais enceinte, j’entendais « tu verras, tu verras… », mais je redoutais de ne pas être la hauteur. Quand mon fils est né, j’ai tellement focalisée sur cet amour qui devait se déclencher automatiquement que je l’ai peut-être bridé ? Je ne sais pas, mais ce que je sais, c’est que je ne peux pas dire que j’ai aimé mon enfant à la première seconde, ni à la deuxième… J’étais effrayée, je doutais de moi, de ma capacité à m’occuper de ce tout petit être. Je n’osais pas en parler, et pendant des mois j’ai beaucoup souffert de « guetter » cet amour. Aujourd’hui, mon fils à 4 ans, je l’aime plus que tout, mais je mentirais si je disais que c’est venu tout seul. » Lucinda, maman d’Enzo, 4 ans.
L’avis du psy*
« Il faut en finir avec cette pression autour de l’instinct maternel ! Il faut déculpabiliser la jeune maman qui subit un poids social avec cette idée d’être en symbiose, en fusion. Il y a aussi celles qui ont juste envie de reprendre le boulot. Elles n’en aiment pas moins leur enfant ! Ce qui compte, c’est de trouver la mère qu’on est, celle qui nous correspond. Et ne surtout pas chercher à correspondre aux critères de la « bonne mère »! Certaines s’obligent à rester collées avec leur enfant alors qu’elles ont besoin d’une vie sociale, de plusieurs univers pour s’épanouir. Il y a aussi celles que la fusion épuise, que le poids de la responsabilité panique. S’occuper d’un autre n’est pas évident pour toutes. Cette mise à disposition de la mère peut être trop lourde. »
*Source : Le petit guide de l’après accouchement aux Éditions Quotidien Malin