L’ado, cet inconnu dans la maison

Un jour, chers parents, vous réalisez que vous avez un ex-enfant. C’est ce qu’on appelle communément un ado, parce que nous aussi, nous sommes des faignasses comme lui et qu’on coupe les mots, par pure flemme. Ce jour, il faut s’y préparer. Tôt. Le plus tôt possible. Je vais vous y aider. Ayez confiance.

 

On ne va pas y aller par quatre bretelles d’autoroute, il faut vous préparer maintenant.

Vous pensez que la naissance d’un enfant, c’est un tournant dans votre vie ? Vous croyez vraiment qu’il y a un « avant » et un « après » méconnaissable ? Que plus rien ne sera jamais pareil ? Que le petit bout de chou va tout changer dans votre existence ?

C’est exact.

Mais ce qui est encore plus exact, c’est que ce n’est rien à côté de ce qui vous attend une grosse dizaine d’années après sa naissance. D’ailleurs, à bien y regarder, si on est prévenu dès le début qu’un jour, il deviendra un adolescent, c’est bien un signe. Non ? Franchement… Ca devrait au moins vous mettre la puce à l’oreille, sans vouloir vous mettre le cafard.

L’adolescence, ce truc dont on sait que ça va venir mais on oublie quand même

Dans son infinie bienveillance, Dame Nature (ou Madame / Monsieur la/le gynéco, c’est selon) estime qu’il faut annoncer l’arrivée d’un nouveau venu dans la famille au moins 7-8 mois avant le jour J, pour que le bipède moyen se fasse à l’idée d’avoir un enfant.

Et bien, elle (ou il, du coup) calcule – avec tout autant de sagesse, à n’en pas douter – qu’il faut laisser à ce même bipède 10 ou 12 ans de plus, au bas mot, avant qu’il soit prêt à avoir un ado.

CQFD.

Plus d’une décennie ! Ça donne quand même une idée de la difficulté de la tâche qui l’attend.

Absorbé par les cris nocturnes et les couches-culottes, le jeune parent perd un peu trop facilement de vue cette réalité.

La bonne nouvelle, pourtant, c’est qu’en une dizaine d’années, il peut envisager de mettre sur pieds une solide formation.

Comment se préparer à la mutation de l’enfant vers l’ado ?

Il faut tout d’abord savoir que le dialogue, c’est bien, mais ça ne marche qu’avec les êtres humains. Pas avec les ados, donc.

Du jour au lendemain, (le lendemain de la rentrée au collège, ou le soir de la première fête, ça dépend), la maman attendrie ou le papa gâteau découvrira qu’un être étrange et inquiétant s’est introduit dans son domicile douillet. Pire, ce monstre asocial et méprisant compte y rester, voire l’en virer.

Alternant entre regard frondeur et yeux fuyants (fuyants parce que, parfois, il croit encore que le « vieux » – c’est son nouveau nom- devine ce qu’il s’amuse à faire en son absence. C’est mignon. Trop rare, mais mignon.), capable de serrer très fort son doudou en lisant Rock’n’Folk, susceptible de poser sa brosse à dent Dora l’exploratrice pour se parer de rouge à lèvres carmin : ce nouveau venu n’a pas fini de déconcerter ses braves géniteurs.

Il semble même qu’en découvrant cette nouvelle faculté, il se plaise à en ajouter.

Et sans aucun humour, sinon ça simplifierait trop les choses !

Adieu, enfant ! Bonjour, ado !

Il faut dire qu’au même instant, vous, les attentifs parents, vous avez plutôt le vague à l’âme.

Non seulement, il faut faire de la place à ce Gremlins odieux et insolent, qui trouve que vous avez plus de rides que la semaine dernière, (les amabilités ne font que commencer) mais, en plus, il faut dire adieu à votre petit trésor.

Celui que vos blagues Carambar faisait rire de bon coeur.

Celui qui trouvait votre riz au lait super délicieux.

Celui qui voulait savoir si vous pensiez que Superman existait en vrai.

Jour après jour, clope après bière, votre tendre enfant se fait la malle. Fini les câlinoux en lisant une histoire. Désormais, votre présence à ses côtés sur le canapé risque de le déranger dans son étude silencieuse et concentrée des Cht’is à Las-Vegas.

Ce qu’il doit apprendre dans la vie, il le sait désormais, ce n’est pas un ancêtre comme vous, avec votre petit bidon et vos habitudes plan-plan qui va lui enseigner. Vous le voyez bien, l’ado vous tolère chez lui, mais pour combien de temps encore ? Une deuxième fois, on vous arrache à l’enfance.

Se préparer...

Ça y est, vous avez compris qu’il faut vous préparer ?

C’est bien.

Maintenant, la question c’est : comment ?

On ne va pas non plus y aller par quatre chemins : personne ne sait.

C’est nul, on est d’accord, mais à l’usage, vous verrez : savoir que personne ne sait, c’est déjà en connaître un sacré rayon sur la question. Et je vais très bientôt vous le démontrer mais, en attendant : courage !