Virna voulait allaiter son bébé après une césarienne, son séjour à la maternité a tourné au cauchemar. Pourquoi ? Elle est passée par toutes les étapes d’un allaitement compliqué et conserve le souvenir d’une armée de soignants sur ses seins. Elle raconte ce qui a été pour elle « mon allaitement, ma galère ».
« J’ai su assez tôt que j’allais passer par la case césarienne pour mon second bébé. Comme pour mon premier, le bébé avait décidé de se placer en siège décomplété. Il a pris cette position et n’a jamais voulu en changer.
J’avais eu une césarienne pour mon aînée, et la question de l’allaitement ne s’était pas posée puisque je ne souhaitais pas allaiter. Pour ma deuxième grossesse, j’ai ressenti assez tôt l’envie d’allaiter.
Je voulais savoir ce que c’était, je me sentais prête. Très déçue de ne pouvoir accoucher par voie basse, je me suis dit qu’au moins, j’aurais « droit » à quelque chose de naturel.
J’étais hyper motivée, mais malheureusement, c’est vite devenu mon allaitement, ma galère.
A mon grand désespoir… »
La montée de lait
« Il faut savoir que quand on accouche par césarienne, la montée de lait ne se fait pas aussi vite qu’avec un accouchement par voie basse. Je rentrais donc dans cette case.
Quand mon bébé est né, je lui ai donné le colostrum avec joie. Ce que j’avais également fait pour ma première, d’ailleurs.
Par contre, cette fois-ci, pas de médicament anti-montée de lait, j’étais super-prête !
Sauf que…
La montée de lait prenait son temps. 24 heures après mon accouchement, une nuée de sages-femmes et de puéricultrices papillonnaient autour de mes seins, les tripotaient dans tous les sens parce que ça ne venait pas.
En tout cas, pas comme elles avaient l’air de vouloir.
48 heures après, j’ai enfin eu cette montée de lait. Je passe les détails de la douleur… Après tout, j’étais contente, on allait peut-être me lâcher un peu les nichons ! »
Sauf que, là encore…
« Mon bébé ne prenait pas bien, le personnel de la maternité lui collait une paille dans la bouche pour qu’il se nourrisse alors que j’essayais par tous les moyens de le mettre au sein…
J’étais au bout du rouleau, un coup on me pressait les seins, un autre on me collait une machine pour tirer mon lait… j’avais l’impression d’être un corps réduit à ses seins et une vache martyrisée.
Il y avait en permanence quelqu’un sur mes seins, c’était insupportable.
J’ai fini par craquer et hurler qu’on me laisse tranquille en pleurant toutes les larmes de mon corps. »
Pas le droit d’arrêter !
« Tant bien que mal, j’ai commencé à me familiariser avec des positions d’allaitement qui marchaient plutôt bien. J’arrivais à nourrir mon bébé, quelle fierté !
… mais quelle difficulté, aussi… chaque tétée durait plus d’une heure, 6 jours après mon accouchement, je suis sortie de la maternité épuisée.
Avec tout ce stress autour de mon allaitement, les hormones en pagailles, je ne m’étais absolument pas reposée.
Juste avant de partir, j’ai demandé à une sage-femme ce qu’il fallait faire si je voulais cesser d’allaiter. J’avais peur, je ne me sentais pas solide, pas très capable.
Elle m’a répondu « vous n’avez pas le droit. »
Ben voyons… »
Trop galère
Finalement, j’ai tenu 2 semaines en allaitement exclusif et je suis passée à l’allaitement mixte. J’étais à la fois soulagée et complètement déprimée, c’était un échec pour moi.
J’ai continué à allaiter mon bébé de cette façon pendant 2 mois, et puis j’ai arrêté au moment de reprendre le travail.
Si je suis heureuse et fière d’avoir quand même réussi à le faire, je garde tout de même un sentiment d’échec et de gros énervement vis à vis de la pression qu’on m’a mise à la maternité. J’avais besoin de temps, je n’y ai pas vraiment eu droit.
Ca me laisse un goût amer. »