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Ma grossesse au bout du monde… et la cholestase gravidique

Partie au bout du monde avec son amoureux, le beau Cap’tain, Soïzik future maman artiste clown attend un mini-poisson clown. L’océan, le soleil, la vie sur un bateau au fil de l’eau… et une grossesse qui vire à la tempête quand souffle soudainement la cholestase gravidique. Elle nous a écrit, on publie son témoignage… et la fin de l’histoire !

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« Je me présente: Soïzik, 31 ans, artiste Clown, 37+2 SA Bébé 1 (Poisson-Clown de son p’tit nom), expatriée à St Barthélemy (Antilles Françaises) depuis quelques années, vivant sur un voilier avec le Captain’. Captain’ avec qui j’ai traversé les airs et les mers avant l’arrivée surprise de notre Poisson-Clown dans mon bocal.
Jusqu’ici, le tableau fait plutôt rêver non?
Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sentent le sable chaud… et ils vont élever un bébé sur un bateau…

Hormis les petits désagréments habituels de la grossesse (fatigue, nausées, brûlures d’estomac, sautes d’humeur et j’en passe) tout se passait plutôt pas trop mal.« 


Et puis à 32 sa il y a eu les démangeaisons.

N’étant pas une fan des forums et encore moins des sites où chaque internaute se prend pour un Docteur ès médecine, je n’ai pas eu envie de me faire peur en « googlant » mes symptômes.
Sauf que les démangeaisons sont devenues insupportables alors j’ai flanché, et j’ai « googlé » : « Démangeaisons et grossesse » à la recherche d’un bon vieux remède de Grand-Mère 2.0.
Le verdict est sans appel: cholestase gravidique.


Kézako, cholestase gravidique?

« Une maladie rare (1 cas sur 1000) du foie qui ne fait plus son travail et qui apparaît en fin de grossesse.
Cette maladie ne se soigne pas, on peut juste la contrôler. Et dans la plupart des cas, passé 38 SA c’est la mort in-utéro pour bébé. (Ha carrément?? Mais c’est hyper rassurant ça…)
Symptômes: démangeaisons paumes des mains, plantes des pieds. Urine foncée. Fond de l’oeil jaune.
Sans forcément aller dans la parano, je trouve judicieux de me faire prescrire un bilan sanguin pour écarter cette éventualité; même si au fond de moi je sais.
Je sais que ce seul et unique cas sur 1000, c’est moi. (J’ai toujours été LE cas dans ma vie, celle qui ne rentre dans aucune case…) »


Le lendemain les résultats tombent.
« Je ne suis pas médecin mais je sais encore lire et je vois bien que mon bilan hépatique est alarmant.
C’est alors que je demande à la spécialiste, c’est à dire la personne qui m’a prescrit le bilan, je précise que cette personne est (était) mon médecin, ce qu’elle en pense.
Notons que c’est moi qui demande… cette personne ne s’étant pas donné la peine de me contacter.
Je vous rappelle que je vis aux Antilles..; sur un caillou de 21kms², avec un hôpital digne d’un dispensaire du fin fond du monde de je ne sais où, sans maternité of course.« 

Je fais confiance, mais…

« Oui effectivement vos résultats ne sont pas bons, oui effectivement vos transaminases sont bien trop nombreuses, d’où une « petite » souffrance de votre foie, mais non, non vous n’avez pas de cholestase gravidique. Mettez de la crème hydratante, vos démangeaisons vont se calmer« .
Je le répète, je ne suis pas médecin, alors je fais confiance.
Ouf, on peut respirer et continuer le « chantier bébé » en toute quiétude.
Le chantier se continue donc avec mon 1er cours de préparation à l’accouchement.
Le Poisson Clown arrive dans 2 mois, il est temps que je sache, même si j’ai l’impression de déjà savoir pas mal de choses. Mais je pense que le soutien d’une siouper sage-femme ne sera pas du luxe.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, on raconte notre état présent.
Soïzik, 31 ans, 1er bébé, 32 SA, grossesse « normale ». Hormis les petits désagréments tout va bien. Sauf, oui, sauf que j’ai des démangeaisons de barge dans la paume des mains et la plante des pieds. Mais ça va, je n’ai pas la cholestase, mais oui mon foie a l’air de ramer un peu… mais pas de panique, ma Doc’ m’a dit de mettre de la crème hydratante, ça va passer.« 

Heureusement, une SUPER sage-femme

« Et c’est là où je vois les yeux de la super sage-femme devenir ronds. Ronds ronds ronds. Si ronds.
– As-tu fait un bilan hépatique? Tes résultats? As-tu tes résultats?
– Non mais c’est pas grave, c’est juste les transaminases trop élevées. J’ai pas la cholestase elle m’a dit.
– Envoie moi tes résultats. Vraiment.« 

Je suis donc « le » cas de cholestase gravidique
« Après avoir parlé de dilatation, de col, de bassin, d’ouverture, de contractions, de respiration, je continue ma journée comme au paradis. Resto au bord de l’eau, plage sauvage, coucher de soleil à bord de notre caravane des mers.
Huuuum c’est si bon.
Notre rêverie est interrompue par la sonnerie stridente de mon téléphone.
En quelques secondes je redescends sur terre et très vite j’ai la sensation d’être engloutie par la mer.
Je ne vais pas te faire la conversation, mais tu l’auras deviné, la super sage-femme m’annonce que j’ai la cholestase gravidique.
Ce seul et unique cas sur 1000, c’est nous, c’est moi.
C’est à ce moment là où on réalise que le léger, le bonheur et la quiétude c’est terminé. A ce moment là on sait qu’on rentre dans la grossesse pathologique, le médical, la haute surveillance, un peu loin du remède magique de la « crème hydratante » prescrit par ma Doc.
C’est sûr, avec de la crème ça aurait pu passer, mais ça n’aurait pas sauvé mon Poisson Clown de la noyade!
L’erreur est humaine dit-on, dans mon cas l’erreur aurait été mortelle.
Je décide donc de me rapprocher au plus vite de l’Hôpital pour être conseillée, rassurée, guidée… »


Le Festival du Grand N’imp continue!
« J’ai passé 2 jours à l’hôpital de St Barth, 2 jours de questionnement, 2 jours à attendre les médicaments prescrits par St Martin (l’île voisine où les futures mamans de St Barth doivent aller accoucher) médicaments que je n’ai jamais eu au final…
Après 10 monitoring, 3 analyses de sang, 20 d’urine ,après 2 jours à avoir secoué bébé dans tous les sens, je décide de prendre les devants.
Suffit les c*nneries!
Concrètement si on doit sortir le Poisson Clown de toute urgence comment ça se passe là les gars?? Parce qu’en cas de cholestase gravidique il n’y a que 2 issues: un déclenchement prématuré ou la mort in-utéro.« 


Alors en cas d’urgence on fait quoi?
Rien!
On ne fera rien, parce que personne ici ne pourra rien faire pour nous. Personne ne pourra le sortir en urgence! Alors STOP! Évacuez nous à St Martin.
« Non mais c’est vrai, vous avez raison… on ne pourra rien faire. Et puis vous seriez ma femme ou ma soeur, je vous aurai dis de vous rendre à St Martin… » ose me répondre le médecin urgentiste.
Alors quoi?? Pourquoi on ne m’a pas transféré de suite? J’ai du mal à comprendre.


Arrivés à St Martin, je sens que tout le monde nous attend depuis longtemps et que mon dossier est déjà connu par toutes et tous.
Je comprends que c’est grave, que ça aurait pu être fatal mais je me sens rassurée. Je sais désormais que rien ne pourra nous arriver, qu’ici « ils » pourront faire face à l’urgence.
Aujourd’hui ça fait 5 semaines que je suis à St Martin, en Hospitalisation à Domicile, sans mon Captain’, sans mes amis, sans ma famille… en suspense, aussi surveillée que la Reine d’Angleterre.
On continue d’analyser mon sang 3 fois par semaine, mes urines, on observe à la loupe les battements du coeur de bébé. Je dois compter ses mouvements tous les jours. Et surtout je dois être à l’écoute.
C’est ça être mère? Savoir et sentir avant tout le monde. Se laisser guider par l’instinct. Avoir confiance en soi et en personne d’autre.
Je sais qu’on va me déclencher, au moment où on jugera que, même en avance, notre vaillant moussaillon sera mieux dehors que dedans.

Chaque jour est un jour de gagné
Chaque jour de passé est un jour de gagné, et il y a 5 semaines je ne pensais pas qu’on aurait pu tenir si longtemps. Mais grâce aux médicaments (Delursan) mon bilan hépatique est stable et les démangeaisons sont supportables.
Alors oui, c’est loin de ce que j’avais rêvé pour la fin du chantier. Loin de la magie, loin de la légèreté.
Mais c’est une tempête, ce n’est rien qu’une tempête, pas la première et ça ne sera pas la dernière.
On garde notre sang froid et on se laisse porter par les vents.
Peu importe le cap, l’important est d’atteindre la côte.

Et puis la côte…

Elle a été atteinte le 24 décembre : dans la houle, l’abordage n’a pas été facile, mais ça y est : petite poisson clownette est arrivée la veille de Noël !

Vous pouvez suivre Soïzik sur son blog www.jauraisvouluetreuneraconteuz.com, elle y raconte sa grossesse atypique, ses voyages et sa vie dans les z’îles et partout ailleurs dans le monde.

À propos Béatrice Knoepfler

Journaliste, auteur d'un livre de grossesse et co-auteur de deux filles tout à fait géniales, Béatrice Knoepfler est également femme de ménage (chez elle), cuisinière, lavandière, joggeuse à la petite semaine, férue de littérature et de tissus liberty et nulle en crochet. Une vraie femme moderne, comme toi ! C'est d'ailleurs pour au moins une de ces bonnes raisons que c'est ta copine et notre super rédac'chef.

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