Trouble « dys » de la coordination des gestes, la dyspraxie trouve à qui parler en la personne du psychomotricien. En quoi la « psychomot’ » peut-elle aider l’enfant dyspraxique ? Quelle influence sur la scolarité ? Combien de temps ? Julia Birem-Marchal, psychomotricienne Diplomée d’Etat, répond à ces questions.
A quoi sert la psychomotricité pour un enfant dyspraxique ?
« La psychomotricité va aider l’enfant à mieux s’organiser dans ses gestes en renforçant le schéma corporel, la proprioception, la motricité fine et globale, les coordinations.
Selon la difficulté du patient, un travail plus spécifique pourra être proposé sur l’écriture qui pose souvent problème et constitue un des gestes les plus complexes de l’activité humaine. Les notions d’espace et d’analyse visuo-spatiale sont également travaillées, souvent en lien avec le travail de l’orthoptiste.
Enfin, un travail est également proposé sur la confiance en soi et l’apaisement des tensions car les enfants dyspraxiques se dévalorisent souvent et ont parfois des emplois du temps bien chargés. En concertation avec l’équipe médicale, le psychomotricien pourra suggérer un travail plus spécifique avec un psychologue si cela s’avère nécessaire.
Les séances de psychomotricité évoluent avec le patient. Il y a des périodes où certains axes sont plus prioritaires que d’autres. D’où la nécessité d’être en lien étroit avec les familles et l’école. »
La psychomotricité a-t-elle une influence sur la scolarité ?
» Comme je le disais, être en lien avec l’école est capital, à la fois pour informer le psychomotricien des axes qui posent le plus problème à l’enfant dans ses apprentissages, mais également pour informer et soutenir l’équipe pédagogique afin qu’elle puisse offrir des supports les plus adaptés possibles à l’enfant.
Bien souvent, l’enfant dyspraxique a les compétences intellectuelles pour apprendre les notions introduites à l’école (il comprend très bien le fond), mais c’est la forme qui lui pose problème (support écrit, quadrillages, manipulations d’outils etc…).
Le psychomotricien pourra collaborer avec un ergothérapeute en ce qui concerne les adaptations à mener en milieu scolaire, par exemple lorsqu’un mobilier spécial est nécessaire (chaise adaptée, plan incliné) ou lorsque des logiciels informatiques et l’apprentissage du clavier d’ordinateur sont nécessaires.
Le psychomotricien assiste aux équipe éducatives à l’école et participe à la création d’un projet personnalisé de scolarisation en lien avec l’enseignant référent de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). »
Combien de temps l’enfant dyspraxique doit-il faire de la psychomotricité ?
« La dyspraxie ne se guérit pas mais se compense. Les séances de psychomotricité soutiennent l’enfant dans de nombreux domaines à travers tous les âges.
Selon les difficultés observées et ce que le patient et la famille rapportent, on peut cibler le travail sur certains domaines particuliers puis estimer bon de laisser l’enfant faire une pause pour souffler et intégrer ce qui a été travaillé.
Ainsi , il n’est pas rare que des enfants que j’ai suivi jeunes reviennent me voir plus tard, à l’adolescence ou même parfois à l’âge adulte, pour travailler un domaine qui leur pause problème dans la situation où ils se trouvent.
Par exemple un jeune adulte en plein apprentissage professionnel peut venir consulter à nouveau son psychomotricien par rapport à des gestes professionnels bien précis.
Autre exemple un collégien peut revenir me consulter pour une lenteur d’écriture ou des difficultés d’organisation, ou encore pour des problématiques adolescentes face à une image de son corps dépréciée et la perte de l’estime de soi. »