Laura Flessel, Laura la belle ! Un palmarès incroyable – 2 médailles d’or olympiques, 6 titres de championne du monde, 1 médaille d’or aux championnats d’Europe, porte-drapeau aux JO de 2012… – Laura Flessel est, à 43 ans, marraine de Handicap International et impliquée dans la vie associative pour la promotion de l’escrime. Retour sur sa carrière sous l’angle de sa vie de maman, et elle a un message pour toi en bonus !
DDM : Y a-t-il eu un moment, au cours de votre carrière de sportive professionnelle, où vous avez pensé aux répercussions sur votre future vie de famille ?
Laura Flessel : Non, à aucun moment et ce pour une raison simple.
L’escrime étant un sport amateur, nous n’avons d’autre choix que de mener une carrière professionnelle en parallèle. Durant la majeure partie de ma longue carrière sportive (20 ans au plus haut niveau), j’ai donc enchaîné 2 vies en une avec, il est vrai, des journées bien remplies ! Je n’ai donc eu aucun mal à ajouter une vie maritale, d’autant que j’ai été parfaitement épaulée par mon mari qui a partagé et surtout compris ma passion.
DDM : Après la venue au monde de votre fille, comment avez-vous géré votre vie de maman en parallèle de votre vie de sportive de haut niveau ?
Laura Flessel : Lorsque nous avons décidé d’avoir notre fille, nous étions tous les deux préparés et savions parfaitement à quoi nous attendre. Mon mari a joué son rôle de papa à la perfection, en me permettant de reprendre le chemin des pistes, puis des podiums, très vite.
Me sachant pleinement soutenue, je n’avais pas de sentiment de culpabilité, au contraire. Je voulais briller sur la piste pour remercier ma fille et mon mari de leur soutien inconditionnel. J’ai ainsi pu vivre ma passion pour l’escrime jusqu’au bout.
DDM : Au quotidien, comment vous êtes-vous organisée entre votre métier et votre vie de mère ?
Pour savourer pleinement une vie trépidante telle que la mienne, il faut être un minimum préparée ! Il faut surtout être deux ! Mon mari a mis sa carrière entre parenthèses pour me permettre de poursuivre la mienne jusqu’au bout. J’ai ainsi pu profiter de ma grossesse, puis de ma fille pleinement.
Laura Flessel : Concrètement, j’ai poursuivi mes entraînements jusqu’au 8e mois de grossesse, mais à partir du 5e mois, je ne prenais que des leçons « au siège », c’est-à-dire assise sur le bord d’une table, pour ne pas perdre la dextérité du bras et de la main. J’ai accouché en juin et devais être prête pour les mondiaux d’escrime de Nîmes en octobre. A l’arrivée d’un bébé, on peut se sentir très vite débordée. Heureusement, avec mes nombreux filleuls et neveux, j’avais déjà de l’expérience ! Même si notre fille faisait ses nuits plutôt bien, c’est mon mari qui se levait pour me permettre de faire les miennes ! Cela m’a permis de bien récupérer et d’être prête mentalement pour les championnats du monde où je termine 2e.
DDM : Comment votre fille a-t-elle vécu votre carrière ? Et aujourd’hui, qu’en pense-t-elle ?
Laura Flessel : Elle a beaucoup voyagé, donné encore plus de voix, versé quelques larmes de joie pour les victoires et de peine lors des défaites. Les proches d’une sportive de haut niveau n’ont pas une vie facile au bord des pistes. Ils aimeraient aider la personne qu’ils aiment, mais ils ne peuvent être que spectateurs, impuissants lorsque ça ne se passe pas bien.
Quand je perdais, il me fallait être forte pour ne pas montrer ma peine à ma fille. Mon devoir était de la consoler, de lui expliquer la dure loi du sport. Je crois que cela l’aide encore aujourd’hui. Elle a compris que le sport, même au très haut niveau, n’est qu’un jeu, que la mort n’est pas au bout. Il y a des gagnants et des perdants, c’est aussi simple que ça.
Ceci dit, je suis fière de lui avoir plus souvent montré la victoire que la défaite !
DDM : Vous avez parrainé cette année la journée internationale du sport féminin, pourquoi ? Quelles sont motivations ? Défendez-vous quelque chose ?
Laura Flessel : Cette opération a été lancée en 2014, suite à une discussion que j’ai eu avec Christine Kelly. Ensemble, nous avons eu l’idée de créer une journée dédiée au sport au féminin. Avant le lancement de la 1ère édition, seulement 7% des sujets consacrés au sport dans les médias français traitaient de sport féminin.
Avant le lancement de la 2e édition, ce pourcentage avait doublé. C’est bien, mais il y a encore beaucoup à faire pour mettre sur un même pied d’égalité la performance sportive féminine et masculine !
DDM : Et aux femmes qui ne font pas de sport, on leur dit quoi ?
Laura Flessel : On leur dit de se bouger ! Le sport est bénéfique pour le corps et pour la tête. C’est un vecteur de cohésion social très fort et un excellent catalyseur d’énergie. Pratiqué régulièrement et associé à une alimentation équilibrée, il permet de se sentir bien, tout simplement. Et pour celles qui souhaitent découvrir l’escrime et toutes ses différentes pratiques, 750 clubs disséminés sur toute la France sont prêts à les accueillir !