Sarah avait envie de témoigner de son combat pour être mère… et étudiante à la fois. Une situation pas toujours facile à gérer, mais qu’elle a su appréhender pour son enfant. On lui a posé trois questions. Interview.
DDM : Sarah, à quel âge as-tu appris ta grossesse ?
Sarah Vigote : « J’ai appris ma grossesse à 23 ans. J’avais le désir d’être maman mais c’était quand même une grossesse surprise. Ce n’était pas la première fois que je tombais enceinte. La première fois, j’avais 20 ans mais j’avais décidé de ne pas garder l’enfant et je n’ai jamais vraiment réussi à me remettre de ce choix que l’on m’a un peu poussé à faire donc quand j’ai appris cette grossesse j’y ai tout de suite beaucoup tenue. Je craignais beaucoup de vivre à nouveau le traumatisme de perdre mon bébé ».
DDM : Comment as-tu gérer ta grossesse et tes études ?
S.V : « J’ai beaucoup paniqué au début, je vivais dans la peur de perdre le bébé et aussi dans l’angoisse vis à vis de mon avenir. Je suis du genre à tout planifier et là c’était complètement imprévu et ça remettait toute mon organisation en cause.
J’ai eu peur de l’annoncer autour de moi, peur d’être jugée et de revivre ce que j’avais vécu à 20 ans. En plus j’étais malade et à fleur de peau les 5 premiers mois, ce n’était pas facile à gérer. C’est là que petit à petit en l’annonçant, mes proches ont bien réagi et soutenue. Par contre dans ma classe, j’ai dû faire face aux messes basses et réflexions déplacées qui m’ont blessée au début puis endurcie par la suite. J’ai appris au fil des mois à faire la part des choses et surtout je ne me concentrais que sur mon bébé avec pour objectif de prouver que la maternité n’empêche pas la réussite scolaire ».
DDM : Être maman et étudiante, c’est une force ?
S.V : « Mon bébé est devenu ma force. Dans mon ventre, il m’apaisait, j’avais envie de réussir pour lui, je voulais qu’il soit fier de sa maman. La plupart des autres étudiants m’ont rejetée, heureusement j’ai un caractère assez fort donc j’ai réussi à ne pas trop en souffrir même si ça m’a blessée c’est vrai.
Comme le statut étudiante enceinte n’existe pas, j’ai beaucoup angoissé pour mes études, j’ai dû rattraper mes heures d’absence liées à ma grossesse, j’étais fatiguée mais je voulais tenir même s’il m’arrivait souvent de pleurer le soir quand je rentrais chez moi. Je me focalisais sur le positif pour le consoler à savoir que le papa ne m’avait pas laissée et était là pour moi, que des amis me soutenaient et ma famille aussi.
Maintenant que mon fils est né, je n’ai pas repris les cours, je suis en congé maternité jusqu’au 2 novembre. Pendant ce temps je suis les cours à distance de chez moi, on s’est organisé comme on peut avec mes amies et mes profs. L’administration a réussi à s’organiser pour que je ne rattrape pas mes heures cette année et que j’aille au rattrapage pour les épreuves que je vais louper ».
Sarah tient un blog pour partager son expérience, l’adresse : Choubidoowah.wordpress.com