Une maman, prénommée Cloé, nous a envoyé spontanément un très joli texte que nous avons eu envie de partager… C’est joli, c’est bien écrit, c’est plein d’émotion, elle en avait besoin… Merci Cloé.
« Ce témoignage est devenu un besoin viscéral, une étape dans mon épanouissement… j’ai toujours eu des kilos en trop. Dès que je faisais un régime, je ne me sentais plus moi- même, comme diminuée. Mes kilos, mes forces faisaient partie de moi.
Je n’ai d’ailleurs jamais eu de problèmes avec les hommes, je veux dire que j’acceptais mon corps et que mes compagnons de l’époque l’ont toujours aimé aussi. On ne peut pas plaire à tout le monde et ces « tout le monde », les autres, ne m’intéressait de toute façon pas.
Bref, derrière ce corps se cachaient pourtant des souffrances. J’ai longtemps nié les choses mais j’ai du me rendre à l’évidence. Je souffre depuis mon adolescence d’hyperphagie : ne envie incontrôlée de manger de grosses quantités de nourriture, comparable à des crises de boulimie, à la différence que je ne faisais rien pour éliminer ce trop plein de nourriture. Je me sentais remplie, sereine, quelques minutes puis très vite, des sensations désagréables apparaissaient : le mal physique mais aussi la culpabilité, la solitude, la tristesse, la honte. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi je faisais ça, malgré plusieurs thérapies.
Trop d’émotions, trop de sensibilité, trop d’agressivité dans la vie, trop de trop… puis ce jour où je suis devenue mère. Un ouragan dans ma vie ! Ce bébé si beau, si parfait. Toute une vie à combler, une éducation à donner, l’amour qui m’envahit. Trop de trop. Un baby blues, une terrible angoisse de ne pas être à la hauteur. Puis j’ai pris confiance en moi. Mon fils grandissait bien, souriait, riait.
J’étais peut- être douée dans mon nouveau rôle finalement… Je jubilais, j’étais mère et j’aimais ça. A ce même moment pourtant, je me suis perdue en tant que femme. Ce corps grossissait, beaucoup, sans que je ne réfléchisse plus vraiment aux raisons de ces crises. Le déni et la culpabilité grossissaient eux aussi : j’ai tout pour être heureuse, comment puis- je encore me faire autant de mal ? Puis est arrivée aussi la gourmandise de mon fils, il développe ses propres goûts alimentaires. Lui donner des gâteaux me brise littéralement les entrailles ! Je prends sur moi, je souris, il se régale et toute la famille rit de le voir si heureux. Petit clown qui se met du chocolat partout en tapant dans ses petites mains. J’ai peur qu’il ait des troubles alimentaires, je ne sais pas comment me comporter vis-à-vis de son éducation alimentaire. Je suis de nouveau face à plein de questions. Ce soir, j’ai besoin d’écrire. Sûrement pour moi, me rendre compte qu’il est temps d’agir. Besoin aussi de partager tout cela avec d’autres mamans.
Ce petit garçon qui me regarde avec tant d’amour alors même que je ne peux m’aimer moi- même qui ne suis que tristesse et kilos en trop. trop de trop… »