Je suis une grosse rebelle : j’ai passé des vacances sans enfants. Une semaine complète, qui s’est découpée en 3 temps : au début tu les laisses, après tu les oublies (un peu), après tu as envie de les revoir (un peu). Ceci est donc une carte postale de mère indigne, bronzée et reposée !
Prologue : laisser les enfants et 5 kg de crèmes
Le casting a été très pointilleux. A qui laisser la chair de ma chair en étant archi sûre qu’ils ne manqueront de rien ?
La famille, mon amie, la famille ! Précieuse alliée, surtout quand elle compte plusieurs sœurs.
J’ai minutieusement préparé les sacs, la brosse à dents pour l’enfant qui en a assez pour les brosser, l’anti-moustiques, la crème post piqûre de moustique, la crème solaire indice 50, la crème hydratante, la crème pour les fesses, les crèmes dessert… Bref, toutes la crèmerie pour assaisonner les enfants.
Ajoutés à cela, les carnets de santé, beaucoup trop de vêtements, les doudous, les recommandations, la photocopie de la carte Vitale, la carte de mutuelle, des mots doux pour l’enfant qui sait lire, et basta !
Oui-oui, papa vient avec moi. Ce sont des vacances sans enfants, pas sans papa.
Phase 1 : pointe de cheveux et culpabilité
La culpabilité, c’est comme les pointes sèches des cheveux. Tu peux mettre ce que tu veux dessus, ça s’estompe sur le coup et puis ça revient. Les enfants lâchés, on monte dans la voiture direction l’aéroport, mais on ne profite pas encore tout à fait de cette parenthèse de liberté très « vas-y, on s’en fout ! »
J’ai rien oublié ? T’es sur ? T’es sur-sur ? Tu crois que ça va aller ? Ils ne sont pas trop jeunes, quand même, pour qu’on les laisse si longtemps ?
L’Homme peut se révéler lui aussi un allié précieux. « Mais non, mais non. T’inquiètes. C’est bon, on les a pas laissé dans un camp de redressement nord-coréen, non plus. »
Ok. T’as raison : on se casse !
Phase 2 : liberté, liberté chérie !
L’avion décolle, la culpabilité reste au sol. Adios, les horaires pour manger, se lever, aller à la plage ! Good bye, l’attirail des trucs en « o » : chapeaux-seaux-eau-râteaux ! A plus tard parasol, tente de plage, crocs pointure 23 et tongs à fleurs en 31 !
Après un petit temps d’adaptation à ces vacances sans enfants – qui consiste à arrêter d’ouvrir l’œil à 7 heures du matin en s’étonnant de ne pas avoir entendu de chouinement – la liberté prend ses quartiers.
On se promène, on se fait griller, on prend l’apéro, et puis l’apéro et puis l’apéro, on dîne quand on veut…
Tout ce qui ne ressemble pas à un adulte n’attire même pas le regard, à peine remarque-t-on les parents qui galèrent sur la plage.
Allez, on échange un petit regard de conquérants entre nous, parce que ouais, nous on est tranquilles !
La preuve : j’ai lu un magazine en entier en UNE seule fois. Et même un livre de 500 pages sans être dérangée.
Bon, quand même, on n’oublie pas de se ruiner en téléphone chaque soir pour prendre religieusement des nouvelles des co-loc’ de tatie.
Phase 3 : comme une licorne au galop
Argh… ça te tombe dessus comme la misère sur le pauvre ! Un bébé qui pleure, et tu tournes la tête.
Un mignon petit enfant croisé et tu lui fais un sourire, limite tu te sens de proposer aux voisins de serviettes siciliens s’ils veulent que tu le surveilles pendant qu’ils se baignent. Chassez le naturel… il revient comme une licorne au galop !
Te voici dans la case « allez, on leur ramène une boule à neige ! » L’Homme est contre, il sait aussi bien que toi que c’est tout moche, mais tu restes bien plantée sur tes tongs : « Siiiii, ça va leur faire plaisir ! Et le tee-shirt Italia aussi ! Et… »
Stop. Ça suffira.
On s’est plumé en apéros, de toute façon.
Épilogue : réveille-toi, maman !
Le problème avec les vacances, c’est qu’à un moment, il faut rentrer.
Tu as envie de revoir tes enfants, mais tu resterais bien un peu plus longtemps là où tu es, dans cette parenthèse enchantée où les seuls qui ont besoin de toi, ce sont tes ongles de doigts de pieds pour une retouche de vernis.
Tu rentres quand même, avec l’impatience qui monte au fur et à mesure que les kilomètres te rapprochent de tes enfants-chéris-bibis-à-leur-maman.
Tu arrives, tu es bien, tu es heureuse, tu es bronzée, tu es reposée, tu les embrasses, tu les serres dans tes bras, tu trouves qu’ils ont changé.
Oui, même après une toute petite semaine.
Un rapide coup d’œil te permet d’évaluer qu’ils vont bien, qu’ils n’ont pas l’air de t’en vouloir jusqu’à la fin des temps et que la boule à neige fait son petit effet.
C’était bien ?
Oui, c’était bien.
Et dans ta tête, tu te dis « l’année prochaine, je reprends des vacances sans enfants ! »