Les enfants sont des diplomates… qui s’ignorent. Alors, pauvre mère, quand tu expliques que, toi, quand tu étais petite, tu n’avais pas ci ou pas ça, il ne faut pas t’étonner après coup que ton enfant te prenne pour une vieille peau. Que tu es !
Comme disait Jacques Martin, « les enfants sont formidables. »… voilà, ça, c’est typiquement une chronique qui commence aussi mal qu’un épisode de X-Or.
Un épisode de quoi ?! … Laisse tomber, laisse tomber.
Je te disais donc que les enfants sont formidables, même s’ils ne sauront peut-être jamais qui est Jacques Martin, mais ils auront peut-être un jour son équivalent droïde 2.0, va savoir ?
Toujours est-il que – je ne sais pas si tu sais – mais nous, les mères (et les pères, et les parents et tous les autres vieux), nous avons une légère tendance à faire avec nos enfants un truc qui -pourtant – nous agaçait prodigieusement quand on était petit. Ce truc, c’est de dire des phrases qui commencent par :
« Moi, quand j’étais petite »
Destinées à faire comprendre à l’enfant quelle chance il a d’avoir des parents sympas, en tout cas plus sympas que leurs propres parents à eux qui les obligeaient à ranger leur chambre une fois par semaine.
Des phrases comme :
– Internet n’existait pas.
– J’avais pas intérêt à laisser trainer mes jouets au milieu du salon.
– J’étais obligée de débarrasser la table à la fin du repas.
– Je n’ai jamais mangé devant la télé même quand il y avait des invités.
Ou plein d’autres choses du même genre. Des choses qui datent du siècle dernier. Celui où on se déplaçait limite en calèche, d’après la perception de ton enfant. Parce qu’à chacune de ces phrases énoncées pour lui faire comprendre que tu es bien cool de la vie, quand même…
L’enfant te répond oeil pour oeil
– Haaannnn !!! Mais c’est même pas vrai !
– C’est normal, à ton époque, les jouets n’existaient pas.
– Pffff, n’importe quoi, c’est les mamans qui débarrassent.
– … : (là, il faut imaginer des yeux ronds, l’air d’une poule devant un couteau suisse ou n’importe quoi d’autre qui ne PEUT pas être réel.)
C’est officiel, ton enfant te prend pour une vieille peau
Mais c’est de ta faute, ma petite mère ! Oui, parce que toi, dans ta tête, tu sais que tu as été une enfant, mais ton enfant, lui – qui est réputé pour être très intelligent mais pour ne rien capter, quand même, des fois – il ne peut pas concevoir que cette belle et intelligente et merveilleuse femme qu’il contemple à loisir tous les jours a été une enfant.
C’est tout.
Tu peux t’échiner, te faire des couettes, faire une colère et manger une boule magique : lâche l’affaire, dans ces yeux-là, tu ne peux pas avoir mesuré moins que ta taille actuelle et cru un jour que tu serais pour de vrai princesse ET vétérinaire.
Mais toi tu le sais… alors, tant qu’à faire, ne l’oublie pas, et puis ton enfant comprendra quand il sera grand… Que ce soit le plus tard possible, et tant pis pour la vieille peau !