Quand mon enfant est triste, moi, maman, je…

Il y a les petits coups de blues et les gros chagrins. Pour une raison ou une autre, tellement valable pour lui, mon enfant est profondément malheureux… et c’est dur. Alors quand mon enfant est triste, je…

Je vois son petit museau qui se chiffonne, sa bouche qui se met à l’envers comme un sourire qui s’est trompé de sens.

Je vois ses yeux qui se mettent à briller, j’entends sa voix qui déroule des mots avec des cailloux dedans.

Je vois ses petites épaules qui s’affaissent, son regard qui se perd, et son souffle qui refuse de laisser les mots me dire ce qu’il se passe.

Je vois son menton qui se met à tremblotter, et je sais que la main que je pose sur son épaule pour l’apaiser fait se précipiter de grosses larmes dans ses beaux yeux.

Beaux yeux, tristes yeux…

Pour une raison qui est pour lui valable, insurmontable, mon enfant est triste…

Quelle horreur !

Mais je fais quoi, moi ?

Il est malheureux parce que le chat ne reviendra plus, ou parce que c’est papi qui est parti, ou parce que c’est papa qui a changé de maison.

Il est triste parce qu’il sait que je ne pourrai rien faire, et lui non plus.

Il est triste parce qu’il comprend au fond de lui que la baguette magique ne marche pas à tous les coups.

La garce.

Alors, je fais quoi, moi, maman qui a envie de pleurer avec lui ?

Je fais quoi pour lui enlever sa peine et la mettre dans un sac pour la foutre à la poubelle ?

Quand mon enfant est triste, je me sens si impuissante qu’il n’y a qu’une chose que je peux faire.

C’est lui dire que je comprends, qu’on n’y peut rien. Que c’est nul mais c’est comme ça. Que ça fait partie de la vie.

Je lui dis avec le sourire, et c’est dur, tellement dur…

Ouille, la gorge tire, elle se noue, ne pas lâcher, sourire.

Et je lui dis « Viens, on va écouter de la musique, cette chanson que tu aimes. On va mettre le son très fort, on s’en fiche. Et on va faire une boum. »

On met la chanson, on se met à danser, on se regarde, on rigole.

Voilà, espèce de sale tristesse, je t’ai fait la peau.

Même si j’ai encore un peu envie de pleurer, mais chut.