Ma maman, c’est mon 14 juillet à moi !

Si je te dis Bastille, prison, révolution, libération, tu penses à quoi ? Au 14 juillet ? Moi, je pense à ma maman, c’est mon 14 juillet à moi, et je te raconte l’Histoire.

Pendant longtemps, très longtemps, ma maman a été une belle forteresse imprenable.

Bien gardée, je peux te dire qu’il a fallu s’accrocher pour qu’elle cède. Ca, c’est mon papa qui me l’a dit.

Mais lui, il a fait sa révolution de l’amour, parce que mon papa, c’est le plus fort. Il a lutté, il s’est battu, et puis il a réussi sa Grande Conquête.

Je ne sais pas trop ce que c’est qu’une conquête, mais ça a l’air super chouette.

Ensuite, dans cette belle Bastille, moi j’ai été son petit prisonnier consentant et bienheureux (ok, là on me dit que les prisonniers de l’autre Bastille, la vraie, n’étaient pas vraiment consentants, mais c’est pas grave.).

J’ai passé 9 mois environ dans la forteresse, plutôt bien logé et plutôt bien nourri. Il faut dire que j’étais un genre de prisonnier VIP, avec un gardien qui veillait sur moi en posant ses mains pile là où j’étais.

Et puis j’ai fait ma révolution à moi, j’en avais marre d’être enfermé !

Ma révolution ? Un vrai feu d’artifice !

Là, il parait que ma Bastille à moi elle l’a bien sentie passer la Révolution, et que pour elle aussi c’en était une… Elle a même parlé de « feu d’artifice physique » après mon arrivée, c’est dire !

Après, c’est un peu bizarre parce que dans notre toute nouvelle République familiale, j’ai plutôt été traité comme un Roi.

Mais ça n’a pas duré. Enfin si, mais, les deux là, la Bastille et le gardien, ils ont quand même imposé leur loi.

Ils ont dit que, même s’ils étaient parfois aussi peu en accord que des Girondins et des Montagnards, j’apprendrai quand même comment on vit avec les autres en les respectant.

Depuis, notre République tourne pas trop mal.

Ma Forteresse reste ma reine, le gardien reste le plus fort, tout le monde peut – à peu près – donner son avis.

Mais, quand-même… je ne peux pas faire tout ce que je veux…

C’est peut-être pour ça que maman me dit toujours que l’enfance n’est pas une démocratie* ?

 

*La preuve : elle m’a obligé à mettre La liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix alors que j’avais fait un super dessin.