Bonjour demain, j’espère que tu vas bien, que tu vas mieux qu’aujourd’hui. Sache que je pense bien à toi, et que j’ai hâte de te voir sous ton meilleur jour, celui où il y a un peu de soleil entre les nuages.
Je voudrais te dire que je suis prête à t’accueillir, et j’ai quelques suggestions à te faire, parce qu’aujourd’hui est très inspirant, à défaut de très respirant.
Cher Demain, si tu pouvais expliquer aux enfants que non, définitivement non, je ne les entends pas quand je me sèche les cheveux, ça serait déjà pas mal. Parce que, je ne sais pas si tu as remarqué, mais les individus de type « enfant » adorent te parler de loin quand tu es sous ton sèche-cheveux ou dans ton bain. Et ça, c’est un peu pénible.
Autant j’ai des oreilles bioniques le reste du temps, qui vont jusqu’à me faire tourner la tête quand j’entends « maman » dans la rue alors que mes enfants ne sont même pas là, autant le sèche-cheveux couvre VRAIMENT leur délicieuse petite voix légèrement stridente.Donc, merci pour ça.
Si tu pouvais aussi instaurer la règle du « pipi tranquille », je t’en serais reconnaissante. Je sais que c’est compliqué, le concept de la porte fermée pour besoins naturels étant à l’évidence une insulte pour l’enfant. Mais bon, si tu pouvais œuvrer, ça serait bien cool.
J’ai besoin de te dire, aussi, qu’aujourd’hui j’ai l’impression d’être une championne d’aviron qui aurait des rames de Playmobil tellement c’est compliqué de voguer sans avoir un phare, même petit, qui donnerait un peu de lumière.
Tu seras mis au courant qu’aujourd’hui, c’est un sacré bazar pour moi et pour toutes mes collègues mères – et pères, aussi, je ne vous oublie pas mais là, c’est moi qui parle – qui se sèchent les cheveux, donc, mais se les arrachent aussi pour gérer le quotidien entre couvre-feu, confinement, reconfinement et rebelotte ma cocotte.
Cher lendemain qui chante, tu me manques. La souris verte a un peu de mal à courir dans l’herbe, on est un peu plus dans l’ambiance de l’escargot tout chaud, bien recroquevillé dans sa coquille, tu vois ?
Mais surtout, cher demain, sache qu’aujourd’hui je fais ce que je peux, que j’essaye de tenir le coup, que je sais que proche ou très loin de moi, c’est la même pour toutes les mamans.
Et si ça te gène, bah c’est la même : oui, je suis Maitresse Gims doublée en peau de Vianney si je veux, je te rappelle que je suis sous mon sèche-cheveux.
A part être solidaire, je sais que je ne peux rien faire. Mais c’est déjà pas mal, alors, s’il te plait, lis bien attentivement ce qui suit.
Les mamans solos, les mamans pas solos, les mamans au foyer, les mamans qui travaillent, qui prendraient bien une minute pour rien, juste comme ça, pour voir ce que ça fait, qui tiennent le coup ou qui débordent, qui aiment et qui pleurent, qui rient et qui dépriment, qui font ce qu’elles peuvent… cher demain, pense à elles, ne les oublie pas.
Et si tu n’es pas content, dis-toi bien qu’on va essayer de te construire pour que tu sois moins moche qu’aujourd’hui.
Bisous demain, à demain.