Enceinte, comme on est un peu cinglée par moments, on s’imagine qu’on va être une mère comme ceci-comme-cela. C’est mignon et plein d’espoir. Et puis, après, on n’a plus le temps d’imaginer. On ne peut que constater comme un léger décalage entre celle qu’on voulait être et celle qu’on est devenue. La preuve.
Décalage artistique
On pensait : « J’ouvrirai mon enfant à l’Art, à la Culture, ça sera génial, il sera super intelligent« .
Non, je danse comme un chaudron en fonte sur des musiques inavouables pour faire rigoler les enfants, et on lit les Barbapapa plutôt que la biographie de Michel-Ange.
Décalage sportif
On imaginait : « Il fera du sport, et je ne le laisserai jamais gagner pour qu’il apprenne l’adversité et le truc de Coubertin, sur l’importance de participer. »
Faux : je laisse l’enfant gagner à tout. Et le pire, c’est qu’il me bat à la régulière aux jeux de quilles.
Décalage alibi
On se disait : « L’enfant ne sera jamais une excuse pour ne pas faire les choses. »
Faux : une invitation toute moisie chez des gens qu’on n’a pas envie de voir ? Tadam, voici la bonne vieille carte « enfant malade sauf que c’est pas vrai mais c’est un secret ! » : « L’enfant a une gastro. Hyper contagieuse. On peut pas venir. »
Décalage économique
On se promettait : « Jamais je ne me servirai de mon enfant pour payer un truc moins cher. C’est honteux ! »
Finalement, puisqu’il vient tout juste d’avoir 5 ans et que le truc (transport, entrée, que sais-je ?) est gratos jusqu’à 5 ans, on va dire qu’il a 4 ans 1/2. « Tu as compris mon chéri, tu as 4 ans 1/2. Et surtout tu te tais. »
Décalage mensonger
On se jurait : « Mentir ? Oh mon Dieu : jamais ! Comment élever correctement un enfant si on lui ment ? »
Et puis vient le jour où on assure, droit dans les mirettes : « Non, chaton, je te promets : le manège est fermé. » Même pas vrai.
Décalage explication
On disait tout haut : « J’expliquerai bien les choses à mon enfant, pour qu’il comprenne et qu’il sache. »
Et puis… « Non, tu ne peux pas faire ça. » « Pourquoi ? » « Parce que c’est comme ça. » Maman = Championne du monde de l’explication claire et instructive…
Décalage « saut de lignes »
On rêvassait sur les longues heures passées à lire des histoires trop choupidou dans un rituel harmonieux. C’était beau.
Et c’est devenu : « Ok, on lit une histoire. C’est la dernière : il était une fois un mouton avec de la grosse laine. On l’a tondu. Il est devenu plus léger et très heureux. Bonne nuit mon poussin. » Inutile de préciser qu’on a sauté 445 lignes.
Décalage mortel
On pensait qu’avec un animal domestique, vu que ça vit moins longtemps qu’un humain en général, ça serait une façon d’aborder le thème très « brrrrr » de la mort.
Et puis on a remplacé le poisson rouge retrouvé sur le dos par un nouveau presque pareil. Ni vu ni connu.
Les poissons sont éternels.
Comme les mères qui pensaient qu’elles seraient comme ci, et qui sont devenues… comme ça !