Ah, ces petites phrases qui piquent, dites par des « anciens », l’air de rien, à propos de la façon dont on élève nos enfants… Ça fait toujours plaisir, non ? Bon, le partage d’expérience : d’accord. Le jugement permanent : pas d’accord. De mon temps, les enfants… Bla-bla-bla… Et de mon temps, à moi, on aime bien que le temps d’avant nous lâche un peu.
Par tous les dieux du vernis à ongles, qu’il est parfois compliqué d’être mère (ou père. Ou, pire : parents.) !
Il y a des moments où, quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, quoi qu’on pense (car oui, il y a des gens qui lisent dans nos pensées – enfin, ils croient qu’ils le font, mais c’est faux sinon ce sont des extraterrestres, et c’est grave) : rien ne va !
Nulle, on est.
Mauvaise mère, mère qui comprend rien, mère qui ne fait pas ce qu’il faut… Mère ratée, tiens, tant qu’on y est !
Parce qu’on se fait choper à l’instant « T » sur un truc qu’il ne faudrait pas faire, on se prend une réflexion d’un(e) ancien(ne), connue ou pas connue, qui la ramène avec « de mon temps. »
Et ça…
Voici des exemples qui reviennent régulièrement scier les oreilles des parents
De mon temps…
Les enfants n’avaient pas tout ce qu’ils voulaient
Les enfants ne parlaient que quand ils étaient autorisés
Les enfants n’avaient pas le droit de parler à table
Les enfants apprenaient tout par coeur
Les enfants prenaient une bonne fessée et ça réglait tout
Les enfants avaient une orange à Noël
On laissait pleurer les bébés, ils comprenaient vite que ça ne servait à rien
Les bébés étaient pris pour ce qu’ils sont : des tubes digestifs
On ne s’embêtait pas avec l’allaitement ou sa variante on allaitait et puis c’est tout
Etc, etc…
Les temps modernes
Chère toi, là, qui la ramène à tour de bras avec « ton temps » : ton expérience m’intéresse, mais ton jugement tu peux te le garder.
De mon temps à moi, on fait ce qu’on peut, notamment avec ton héritage éducatif qui a fait de nous les adultes que nous sommes.
De mon temps à moi, on essaye peut-être un peu plus de comprendre ce qu’il se passe dans la tête de nos enfants, sans se prendre pour Dolto non plus, de toute façon, on n’a pas le temps.
De mon temps on ne laisse pas pleurer les bébés, sauf si vraiment on n’a rien compris du tout.
De mon temps, on a appris que le bébé n’est pas un tube digestif mais un être doté de sentiments et d’intelligence dès sa naissance.
De mon temps, on a envie de faire un procès à celui qui nous dit qu’à 1 mois, un bébé qui pleure fait un caprice.
De mon temps, on se dit que donner une fessée, c’est pas génial, et qu’on ne répond pas à la violence par la violence.
Alors je ne sais pas si on fait bien, si on fait mal, mais on fait ce qu’on peut.
Et tu sais quoi ? Ce sont nos enfants qui nous le diront, quand ils seront grands et deviendront à leur tour des parents, avec leurs doutes, leurs questions et peut-être même leurs reproches.
La différence entre ton temps et le mien, c’est que l’enfant est devenu une personne ni plus, ni moins digne de considération qu’une autre.
Alors merci de me faire penser à éviter de lui dire un jour « de mon temps… » sur un ton d’enseignant psychorigide, je n’aimerais pas qu’il me dise ce que je suis en train de te dire.