Du premier souffle, qui est déjà une mélodie douce à nos oreilles, aux cris de faim ou de colère, aux premiers mots et premiers bons mots : nous écoutons nos enfants. Voilà pourquoi il ne faut jamais arrêter de le faire, avec les nôtres, et ceux des autres (quand on les supporte).
Amie, entends-tu le vol des paroles de l’enfant, qui bruissent à ton oreille, comme une douce brise… ou un violent orage, suivant son état de forme ?
Amie, entends-tu le bruit sourd des rires étouffés, des secrets glissés dans tes oreilles, dont tu te fais des écharpes pour les jours plus frais et plus tristes ?
Le premier souffle de ton enfant est un message, sa première syllabe une promesse. Puis… il se met à baragouiner des trucs incompréhensibles, puis à tenir des propos incohérents, puis, enfin, à papoter de façon intelligible et même qu’un jour, tu peux converser avec lui !
Ton enfant te parle, donc, en partie grâce à toi -bravo, tu lui as bien appris, mais continue à surveiller ton langage pour éviter d’en faire un fieffé charretier – et il a plein de choses à te dire.
Parfois, écouter d’une oreille, ça suffit largement
Oui, c’est important de savoir que Gontrand dit des gros mots à chaque récré. Que ta fille s’est discutée (tu as bien lu : y’a pas de faute de frappe, pour une fois) avec sa copine Bidulette qui fait rien que sa commandante et sa crâneuse en plus. Que le maître est beau et que tata Paulette est tellement vieille qu’elle est peut-être morte en vrai. Que y’a une grande qu’avait oublié de mettre une culotte et un petit qui a mangé les crottes de nez de son copain.
Si je suis au courant de toutes ces histoires essentielles pour l’avenir de l’Humanité, c’est parce que ma fille me parle et que je l’écoute, même si, j’avoue, il arrive que ce ne soit que d’une oreille.
Sinon, je saurais quelles insultes profère ce petit mal élevé de Gontrand (à part celle-là). Sinon, je connaîtrais le nom de famille de Bidulette et j’irais dire deux mots dans les deux oreilles de sa mère. Sinon, je serais amoureuse du maître. Sinon, je pincerais tata Paulette avec des moufles pour vérifier, au cas où. Sinon, je me demanderais comment elle l’a su, pour l’absence de culotte. Sinon, j’apprendrais que le petit a fait sa dégustation sur du pain, quand même.
Ecouter les belles histoires d’enfants…
Les enfants, quand ils ne glapissent pas comme des dingues en meute, que ce ne sont pas ceux qui hurlent comme des damnés pour des raisons désarmantes (il n’y avait pas assez de confiture sur la tartine : souvenir d’un goûter d’anniversaire cauchemardesque), quand ils ne te disent pas que tu ressembles à un chiffon (un lendemain de soirée arrosée, pour te remettre du goûter sus-nommé), il faut les écouter.
Parce qu’ils ont des histoires merveilleuses à raconter. Des dragons, des princesses, des pirates, des oiseaux, des lave-linges magnifiques (si, ça existe !)… des histoires un peu folles, où quand on meurt on se réveille après… des histoires d’enfants, quoi ! Je suis sûre que toi aussi, tu en connais des belles !
… et avec la même attention les histoires moins jolies
Mais… il y a aussi beaucoup d’enfants qui racontent des histoires beaucoup moins poilantes. Dans des oreilles rendues moins attentives par le cours de la vie.
Des histoires dont l’UNICEF a fait une consultation nationale et qui racontent qu’en France, aujourd’hui, 1 enfant sur 10 ne se sent pas respecté par les adultes. Qu’un enfant sur 4 n’a pas sa chambre à lui.
Qu’un enfant sur 10 n’a pas assez chaud l’hiver chez lui. Que 55 % des enfants ont connu le harcèlement à l’école. Toutes ces histoires, racontées après la consultation de 22 500 enfants âgés de 6 à 18 ans, et tous ces constats, tu les trouveras sur le site de l’UNICEF.
Ces enfants, ça pourrait être les tiens, les miens, ceux de quelqu’un que tu connais et que tu aimes.
Ce 20 novembre, c’est la Journée Internationale des Droits de l’Enfant.
Le début de cette chronique t’aura peut-être fait penser à un truc, ou pas, mais je te le dis quand même : les mots en italique sont les premiers du Chant des Partisans, un chant de résistance pendant la seconde guerre mondiale.
Soyons aujourd’hui partisanes, mon amie (et mon ami aussi) de l’écoute de la voix des enfants ! Des tiens, des miens, et (pour ceux qui sont supportables, donc) de ceux de tous les autres !
Partisan(e)s aujourd’hui… et demain, aussi.