Un jour, que tu travailles ou pas, tu es mieux que pile à l’heure devant le portail de l’école pour récupérer ton ou tes enfants. Il est 16 h 26, et tu as 4 minutes pour discuter avec les autres mères (parce qu’il y a quand même bien peu de pères, il faut bien le dire), même si tu les connais un peu ou presque pas. Et là, tu entends ça :
(Ça se passe après le « bonjour ! », après la bise si tu es intime de la rencontre au portail, et ça se passe entre la mère de Josepho, d’Albinosa et toi. Cherche pas, j’ai inventé les prénoms.)
La mère de Josepho : Y’a Gontrand qui a encore insulté Josepho ! Non mais c’est dingue, il n’arrête pas de lui dire que c’est un homosexuel !
La mère d’Albinosa : Ho ! Encore ? Mais quelle teigne ce gamin !
Moi (en ces temps troublés d’adoption de loi pour le mariage pour tous) : … d’autant que, « homosexuel », c’est pas une insulte…
La mère de Josepho : Non mais y’en a marre ! Je suis allée le voir, moi, Gontrand ! Je lui ai dit d’arrêter de dire ça à Josepho !
La mère d’Albinosa et moi (suspendues au récit) : Et… ?
La mère de Josepho : Il a continué ! Alors du coup, je suis allée voir sa mère !
La mère d’Albinosa et moi (avec des yeux de lapins dans les phares, pressentant un truc de dingue et dotées de beaucoup de conversation) : Ho ?! Et ?!
La mère de Josepho : Et bein elle m’a répondu « Ha bon ? Estimez-vous encore heureuse qu’il l’a pas traité de pédé ! »
La mère d’Albinosa étant momentanément décédée, je prends la parole : Enorme ! Soit elle a beaucoup d’humour, soit elle est très grave. T’as répondu quoi ?
La mère de Josepho, consternée : Elle est grave. Rien, j’ai rien pu dire.
Et là, je me suis demandé dans quelle mesure l’éducation au langage ordurier ne devrait pas être encadrée par des vrais professionnels, finalement…