Avant même d’être enceinte, je savais que je n’allaiterai jamais. Cela ne me plaisait pas du tout et me mettait très mal à l’aise rien qu’à l’idée d’y penser. Et puis un jour, je suis tombée enceinte. Sans m’y attendre, la pression de mon entourage mêlée à la culpabilité de ne pas vouloir faire quelque chose de « naturel » m’a complètement perturbé. Pour faire plaisir aux autres, j’ai accepté de me forcer à allaiter. Une catastrophe !
La pression de l’entourage
Il est vrai qu’on ne parlait jamais d’allaitement donc personne ne savait que j’étais plutôt « contre ». Dès que mon entourage a appris ma grossesse, la question de l’allaitement est rapidement venue sur le tapis. Au départ, j’ai tenu bon et je répondais catégoriquement « non » à chaque dois qu’on me posait la question. A force d’entendre des phrases culpabilisantes sous-entendant que je refusais de donner « le meilleur » à mon enfant, j’ai décidé de capituler et d’essayer.
Les premières fois…
Le 10 octobre dernier, l’amour de ma vie est arrivé. Un petit bonhomme bien portant, que nous avons appelé Hector. Comme j’ai accouché dans une maternité « pro-allaitement », on m’a tout de suite mis la pression pour allaiter sans penser une seule seconde que je ne voulais pas. Je me suis accrochée et je l’ai fait… pour faire plaisir aux autres ! Au fond de moi, je détestais. Tout le monde me répétait que c’était pratique, meilleur pour mon bébé… Je n’y trouvais au contraire que des inconvénients.
Le retour à la maison
En sortant de la maternité, j’ai été prise d’une angoisse supplémentaire. Comment j’allais allaiter dans les lieux publics moi qui suis si pudique ? Au bout de dix jours, en plus de me faire violence et d’allaiter à contrecœur, la fatigue est venue m’achever. Je n’arrêtais pas de pleurer, j’étais sur la défensive et devenais agressive avec mon homme. Je n’osais pas en parler car j’avais peur de le décevoir, peur de ne pas être « une bonne mère ». Mon fils commençait à le ressentir aussi. Il tétait mal, il me faisait mal et j’avais des crevasses douloureuses à en pleurer. Un véritable calvaire !
Un nouveau départ
J’ai fini par avouer à mon homme ce qui n’allait pas. Je me forçais à allaiter pour faire plaisir à tout le monde alors que je ne voulais pas. Il m’a alors dit d’arrêter de penser aux autres et d’arrêter. Une heure après, il revenait de la pharmacie avec tout ce qu’il fallait. Le premier biberon a provoqué un flot de larmes. Je me sentais bien et heureuse. La culpabilité m’a définitivement quitté quand j’ai vu mon homme donner le biberon à notre fils, un sourire béat aux lèvres.
Dans quelques années nous essaierons de donner un petit frère ou une petite sœur à Hector. Une chose est certaine, l’allaitement n’est pas fait pour moi. Quoiqu’il arrive je ne me laisserais plus jamais influencer.