Pourquoi les mères parlent toujours de caca alors que les femmes ne font pas caca

Il est temps de percer un des plus grands mystères de l’humanité. Ou de la féminité. Un non-sens absolu, une question capitale pour l’avenir du monde : pourquoi les mères parlent toujours de caca alors que tout le monde sait que les femmes ne font pas caca ?

« Comment allez-vous ? »

« Bien, merci, et vous ? »

Que signifie réellement cet échange d’une politesse élémentaire ? Il demande tout bêtement si tout le monde a bien fait caca aujourd’hui.

Non, je n’invente pas : notre « salut-ça-va ? » voulait originellement (au 18e siècle, celui des Lumières, comme quoi…) dire « salut-t’as-fait-caca ? ».

Voilà, ça c’était pour la minute historique, parce que je me suis dis « quitte à s’embarquer sur le terrain du caca, autant y mettre un truc un peu intelligent. » Je ne te garantie pas que ça dure, mais je vais essayer.

Les mamans et le caca : ok

Je connais une flopée de mères de famille dont l’un des sujets de prédilection est le caca de leur(s) enfant(s).

Pas une conversation où il ne soit pas question de la petite qui fait caca mou et du grand qui n’a pas fait caca depuis 2 jours. Ou l’inverse.

Attention, je ne juge pas, d’autant que chez les Drôles de Mums, on milite pour que les cacas des bébés soient observés. Observés, ok, mais pas forcément racontés à tout bout de champ. Pour être honnête, je m’intéresse assez peu au caca des autres, petits ou grands, dès lors que ça ne concerne pas mes ouailles. Je suis inapte à cette sorte de proctologie sociale.

De génial à dégueu : la brève histoire du caca

N’empêche, en tant que mère, on s’inquiète du caca de notre enfant. Quand il fait dans son pot pour la première fois, c’est un peu notre Himalaya à nous qui est franchi !

Ce caca dans le pot est GÉNIAL ! Bon, la photo sur facebook n’est peut-être pas nécessaire, mais quand-même, ça claque (surtout si ça dure).

Et puis, au fur et à mesure que l’enfant grandit, le caca perd son auréole de formidable pour, chemin faisant, prendre la place du truc dont on ne parle pas, le Voldemort de l’intimité.

Mais pas pour tout le monde ! Non : juste pour les femmes !

Les femmes et le caca : pas ok

Qu’est-ce qui différencie les femmes des hommes ? Ils font caca partout en toute décontraction ou presque : au bureau, chez les gens, dans les bars… Alors que les femmes, non.

Jamais, ou alors quand elles y sont contraintes. Parce que ce sont des princesses et qu’une femme, ça ne peut rien produire qui sent pas bon et qui est moche.

Gêne, honte, ignorance : le caca des femmes n’est rien sans son cortège de mots bien plombants.

Depuis l’invention de l’intimité (à la louche au 19e siècle, avec la naissance des cabinets de toilette munis d’une porte), les femmes ne font plus officiellement caca, et ce n’est pas sans conséquences.

Stratégie et constipation

Si on questionne les dames sur leur rapport au caca, on découvre que si elles font bien caca dans le monde réel, elles ont des stratégies bien au point pour que ça ne se sache surtout pas.

Celle-ci tapisse le fond des toilettes de papier pour amortir le bruit, celle-là se tortille sur la lunette, cette autre ouvre tous les robinets, celle-ci vérifie qu’il n’y a personne à 10 km à la ronde…

Rares sont celles qui se mettent l’Équipe sous le bras avec décontraction pour aller « poser leur pêche », comme disent nos copains les hommes qui s’en foutent complètement… les petits veinards.

Et cette discrétion a des conséquences funestes : les femmes sont trois fois plus constipées que les hommes, sont plus sujettes aux occlusions intestinales (ma grande-mère en est morte : ça calme, non ?), elles taisent leurs problèmes de fissure anale, d’hémorroïdes, quand elles sont enceintes mais surtout quand elles n’ont pas cette « excuse ».

Et combien paniquent à l’idée de faire caca pendant leur accouchement ? C’est une angoisse dont nous font souvent part nos lectrices.

Révoltons-nous !

Chère princesse que tu es et que tu resteras toujours si tu veux, il faut que ça cesse.

Halte au tabou, le seul caca qui vaille est celui qui ne pose de problème à personne et surtout pas à son auteure.

Entre le gros rire gras un peu débilos et la pudeur à l’Ariane de Belle du Seigneur d’Albert Cohen, deux extrêmes aussi craignos l’un que l’autre, il existe une infinité de possibilités pour parler caca et surtout ne pas s’empoisonner la vie avec le sien… ni celle des autres avec celui des tes enfants.

Je n’ai donc plus qu’une question à te poser : Comment vas-tu ?

Bien, j’espère.