Nous, les femmes, sommes sacrément chanceuses : grâce à nos règles, nous avons droit à des produits de luxe : les tampons et les serviettes hygiéniques ! C’est en tout cas ce que pensent les députés français qui ont refusé de détaxer les protections hygiéniques, qui ne sont pas jugées comme « produits de première nécessité ». Ah bon ? On explique.
Ne pars pas, reste assise : je vais te parler de TVA (taxe sur la valeur ajoutée) mais tu ne vas pas mourir et ça va durer 10 secondes.
Je n’aurais jamais cru ça possible un jour (je suis allergique aux chiffres), mais je vais mettre plusieurs fois dans la même phrase les mots « TVA », « règles », « tampons » parce que tout ça est lié.
Les faits, rien que les faits :
Les tampons et autres protections hygiéniques utilisées chaque mois par les femmes parce qu’elles ont leurs règles sont taxés, comme pas mal d’autres produits.
Tout ce petit matériel est taxé à hauteur de 20 % de TVA, car ce n’est pas considéré comme un produit de première nécessité.
La pizza, le coca cola ou encore les livres sont eux, par exemple, considérés comme tels, et sont donc taxés à 5,5 %.
Donc, un amendement a été déposé et soumis au vote de l’assemblée nationale pour abaisser la TVA des tampons et autres à 5,5 %. Amendement porté par la présidente de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée, Catherine Coutelle, et soutenu par la ministre de la santé, Marisol Touraine.
Le collectif Georgette Sand était à l’origine d’une pétition ayant recueillie 17 000 signatures en février 2015, et l’amendement pour baisser la TVA avait été approuvé en commission.
Il ne restait plus que le vote de l’assemblée.
Qui a voté contre.
Bien que la majorité soit socialiste, comme la ministre, par exemple.
Et comme le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, qui a indiqué après le vote que « le gouvernement ne souhaite pas bouger sur les taux de TVA. »
Pourquoi ? Parce que la TVA représente 70 % des recettes de l’Etat.
Ton tampon, il est en or (pour l’Etat)
Tu y penseras certainement quand tu auras tes prochaines règles, non ? Grâce à toi et à toutes les femmes qui ont chaque mois leurs règles, tu rapportes des sous, bravo !
Je te suggèrerais bien de te garnir la culotte avec une part de pizza pour que ça te coûte moins cher, mais je ne suis pas convaincue.
Sache, pour te consoler, que Christian Eckert en fin comparateur, n’a pas hésité à dire que puisque la mousse à raser est taxée à 20 %, ça doit être pareil pour les tampons et autres serviettes hygiéniques.
Bien sûr Christian ! Déjà, tu n’as pas l’air de savoir que les Hipsters ont pris le pouvoir et que l’industrie de la mousse à raser a peut-être du souci à se faire, mais en fait, nous les femmes, on ne se met pas des tampons pour faire joli. Ni des serviettes hygiéniques, d’ailleurs.
Et non : nous y sommes obligées. Parce que, sinon, pour faire schématique, il y en a partout. Et je ne te parle même pas du retour de couches.
Et maintenant ?
Et bien après la gifle infligée aux femmes par l’Assemblée Nationale, le collectif Georgette Sand prévoit de soumettre cette question à la commission européenne.
A suivre, donc.