Théorie du genre ? Masturbation à la maternelle ?! Les rumeurs les plus folles circulent et effraient les parents. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? D’où sort cette « théorie » et pourquoi certains en tirent des conclusions qui n’ont rien à voir avec la réalité ? Halte au n’importe quoi, place aux explications.
Tu as peut-être entendu parler ces derniers jours de « théorie du genre » ? D’enseignement de la masturbation à la maternelle ? Et tu t’es inquièt(e) ? Ce qui n’a rien d’étonnant. Alors on récapitule et on t’explique : rassure-toi, tout est faux.
Le SMS du 24 et 27 janvier pour le retrait de l’école en signe de protestation ?
Une centaine d’écoles maternelle a été concernée par les répercussions d’un sms ou d’un mail adressé aux parents d’élève : l’appel au « retrait de l’école » les 24 et 27 janvier au motif suivant :
« Le choix est simple soit on accepte la « théorie du genre » (Ils vont enseigner à nos enfants qu’ils ne naissent pas fille ou garçon, mais qu’ils choisissent de le devenir !!! Sans parler de l’éducation sexuelle prévue en maternelle à la rentrée 2014 avec démonstration…) soit on défend l’avenir de nos enfants. »
Un appel au boycott de l’école lancé par une dame qui s’appelle Farida Belghoul, semble-t-il proche de l’extrême-droite, que les parents sont invités à appliquer un jour par mois.
Sauf que tout est faux.
Le « fondement » : une théorie du genre, qui n’a jamais existé
La théorie du genre brandie, c’est un peu comme les licornes : ça n’existe pas. Ce n’est pas une théorie, c’est un domaine d’études universitaire qui a connu son petit succès dans les années 70 aux États-Unis et qui cherchait à comprendre comment naissaient les inégalités entre hommes et femmes. C’est tout.
Tout ce qui en découle aujourd’hui n’est que le résultat de vagues interprétations et détournements d’idées.
La réponse du ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, ne s’est d’ailleurs pas faire attendre :
« L’éducation nationale (…) refuse totalement la théorie du genre. Et elle refuse les instrumentalisations de ceux qui, venus de l’extrême droite négationniste, sont en train de vouloir répandre l’idée qui fait peur aux parents, et blesse les enseignants, que tel serait notre point de vue. (…) Je veux très solennellement rassurer tous les parents de France : n’écoutez pas ceux qui veulent semer la division et la haine dans les écoles. Ce que nous faisons ce n’est pas la théorie du genre, je la refuse, c’est promouvoir les valeurs de la République et l’égalité entre les hommes et les femmes. »
Pourquoi des parents ont cru au contenu de ce SMS ?
Parce que ces parents se sont fait berner par une méthode simple : on mélange le mot « enfant » avec le mot « masturbation », on saupoudre avec « école » et l’abjecte mayonnaise prend.
Parce que ceux qui diffusent cette rumeur savent aussi bien que les autres qu’accoler les termes « sexe » et « enfant » confronte au tabou absolu de la société, que tous les parents ont peur qu’il arrive quelque chose à leur enfant et qu’il tombe entre les mains d’un pédophile. Cueillis sur l’une de leur plus grandes angoisses, les parents réagissent avec leur cœur, et c’est bien naturel.
Mais ceux qui diffusent cette rumeur en sont justement dénué, de cœur.
Ils manipulent et méprisent les parents, pour leur seul bénéfice personnel, via la propagation d’idées fausses et qui divisent, et le non-respect des valeurs républicaines qui sont le fondement de l’école publique. Lutter contre l’insinuation du doute n’a rien à voir avec telle ou telle conviction politique : c’est une question de bon sens. Parents, ne vous laissez pas faire.
Et pour en savoir plus sur la politique mise en place par l’Éducation Nationale sur l’égalité des sexes, il suffit d’aller sur le site ABCD de l’égalité.