Le plus haut comité religieux du Pakistan demande au gouvernement de supprimer l’interdiction du mariage d’enfants. La loi, pourtant en vigueur depuis plusieurs décennies, est aujourd’hui jugée non-conforme à l’Islam. Les défenseurs des Droits de l’Homme s’insurgent.
A quel âge a-t-on aujourd’hui le droit de se marier en République Islamique du Pakistan ? 16 ans pour les filles, et 18 ans pour les garçons. C’est la loi, mais elle est aujourd’hui remise en cause par le comité de l’idéologie islamique, qui demande au gouvernement de la supprimer.
Le rôle de ce comité est de conseiller le parlement sur la compatibilité de la législation avec la loi islamique. Pour cette loi, l’argument avancé est qu’elle n’est pas conforme aux enseignements de l’Islam.
Ainsi, selon, l’un de ses membres, Tahir Ashrafi, « La charia (loi islamique) ne fixe pas d’âge limite spécifique. Elle dit qu’un individu peut se marier lorsqu’il ou elle a atteint la puberté, et la puberté ne peut être définie par un âge (…) Les gens peuvent se marier avec un enfant s’ils pensent qu’il ou elle a atteint la puberté. »
Une demande « contraire à l’esprit de la religion »
Les associations pakistanaises de défense des droits de l’homme ne comprennent pas cette demande du comité, qu’ils jugent justement totalement contraire à l’esprit de la religion, comme le souligne notamment la présidente de la commission pakistanaise indépendante de défense des droits de l’homme.
Dans l’attente de la réponse du gouvernement, les associations multiplient les appels à ne pas suivre cette demande de suppression des mariages d’enfants.
Car, malgré la loi, le Pakistan est aussi un pays où des petites filles de 5 ans sont mariées de force pour payer des dettes d’honneur, comme le relate cet article publié il y a quelques mois sur le site Slate.fr.
Mariages d’enfants dans le monde
L’Unicef dresse un état des lieux du mariage d’enfants dans le monde, dont les filles sont bien sûr les victimes : pas d’accès à l’éducation, santé précaire, grossesse précoce et fort taux de mortalité maternelle et infantile, maltraitance… un funeste et réel tableau qui est celui de l’enfance sans cesse menacée.