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L’accouchement : un traumatisme ?

Aujourd’hui dans le monde, une femme sur trois se dit traumatisée par son accouchement. Malgré cela, cette souffrance demeure mal reconnue au sein de la société et n’est pas prise en charge, ce qui peut avoir des conséquences sur la santé des mamans et de leurs bébés.

accouchement

« Plusieurs mois après mon accouchement, je me suis mise à ressasser des idées noires. Je me disais que c’était ma faute si la naissance de ma fille s’était mal passée, que je ne savais pas accoucher. Et que par conséquent, je n’étais pas faite pour être mère. » explique une jeune maman (Chantal)  d’un enfant âgé aujourd’hui de un an et demi, dont les propos on été recueillis par le magazine en ligne letemps.ch

Mais cette jeune femme n’est pas la seule à concevoir son accouchement comme une épreuve traumatisante. Environ une femme sur dix souffrirait de stress post-traumatique provoquant des cauchemars et flashbacks suite à son accouchement. On retrouve notamment ce type de séquelles chez les soldats de retour de lieux de combat.

Peut-on prévenir ces troubles ? D’après le gynécologue Manuella Epiney, « les pathologies fœtales, par exemple une prématurité ou un handicap, et les problèmes de santé maternels accroissent le risque d’accouchement traumatique ». Toutefois, elle ajoute que « même quand tout va bien d’un point de vue médical, l’accouchement peut être mal vécu. »

Chantal avait pour projet d’accoucher en maison de naissance mais, lorsqu’au bout de dix heures, le travail n’avait toujours pas abouti, on l’a transférée à la maternité. « Cela m’a déjà demandé un gros effort d’adaptation » elle explique. « Finalement, une césarienne en urgence a été décidée car ma fille était mal positionnée. Mais quand je suis arrivée au bloc, j’étais à bout de nerfs et j’ai paniqué. J’ai eu peur pour ma vie et celle de mon enfant, je crois que j’ai déliré. J’ai pu voir ma fille quelques instants après sa naissance, puis on m’a endormie. C’est mon compagnon qui est resté avec elle pendant ses premières heures de vie. »

Malheureusement, ce n’est pas tout, puisque Chantal ajoute : « J’ai eu l’impression qu’on me faisait porter la responsabilité de tout ce qui m’arrivait. Je me suis sentie humiliée. »

Les traumatismes peuvent aussi avoir des causes en partie extérieures. Charlotte, aujourd’hui maman d’un petit garçon âgé de trois ans et demi, raconte que suite à de nombreux soucis de santé durant sa grossesse, elle a du subir une césarienne d’urgence : « Pendant l’intervention, j’ai entendu le médecin dire qu’il était pressé, car il avait un autre rendez-vous. Et après la naissance, lorsque l’effet de l’anesthésie s’est dissipé, j’ai eu très mal au ventre. On me répétait que c’était normal. Sauf qu’en fait, ma vessie était perforée. »

Suite à l’intervention, Charlotte fut séparée de son fils et ne put pas l’allaiter comme elle avait prévu. Aujourd’hui, elle raconte : « J’ai subi une erreur médicale mais je n’ai pas reçu d’excuses. J’ai eu l’impression qu’on me faisait porter la responsabilité de tout ce qui m’arrivait. Je me suis sentie humiliée. »

En réalité, dans de nombreux cas, ce sont les rapports avec le personnel médical qui sont remis en cause. Sage-femme et chef de service au CHUV de Lausanne, Brigitte Jacquat-Bitsch explique : qu’il est « crucial de bien informer les femmes afin qu’elles comprennent ce qui leur arrive et les soins qui leur sont prodigués. » Elle ajoute que « cependant, dans un système rationalisé comme celui de la maternité, les équipes n’ont pas toujours autant de temps qu’elles le souhaiteraient pour s’occuper des patientes ».

Malheureusement, les traumatismes à l’accouchement ne sont pas sans conséquences. Suite à sa propre expérience, Charlotte est tombée dans la dépression : « Je pleurais énormément, je ne supportais pas d’entendre parler de bébés. J’avais l’impression que mon existence n’avait aucun sens et que mon fils serait plus heureux sans moi. » Son fils aussi – avec qui elle entretient des difficultés d’ordre relationnel – a pâti de cet événement : « Il ne supporte pas d’être séparé de moi, il peut devenir très violent ».

En effet, selon les spécialistes, un accouchement traumatisant peut avoir des conséquences négatives sur l’allaitement, les relations entre la mère et l’enfant, le couple et les grossesses suivantes. A cet égard, une grande partie des césariennes planifiées seraient conséquentes au mauvais déroulement d’un précédent accouchement.

Ce que regrettent les victimes de ces traumatismes, outre une prise en charge médicale après leur accouchement, c’est que leur mal-être soit reconnu au sein de la société. « Les gens ne comprennent pas qu’on puisse être mère et souffrir. On me disait, ‘ton enfant est en bonne santé, de quoi tu te plains ?’ Je me suis éloignée de nombreux amis à la suite de cette expérience », confesse Charlotte.

Chantal au contraire, a réussi à obtenir du soutien auprès d’autres femmes. « J’ai participé à un groupe de discussions avec des mamans, dont certaines ont mis au monde des enfants avec de gros problèmes de santé. Bien que leur situation soit pire que la mienne, elles ne m’ont pas jugée. C’était comme si on m’accordait enfin le droit d’avoir souffert lors de mon accouchement. Cela m’a énormément soulagée. »

 

 

 

À propos Tessa.g

Maman d’une coquinette et de deux petits diablotins, je jongle (ou enfin j’essaye) entre les couches, le boulot, les petits bobos, les conseils de la belle mère, les soirées entre copines, les fous rires, les emmerdes, les angoisses, les câlins. Bref, la vie d’une maman moderne quoi !

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