Elle est médecin, gynécologue, a défendu la cause des femmes en France et à l’international notamment en Afrique, elle exerce toujours dans son cabinet parisien, et sait manier les mots, autant qu’elle soigne nos maux. « Elle », c’est Fanny E. Kowal, une femme qui parle des femmes aux femmes, aux hommes des femmes, aux femmes des hommes, dans un essai intitulé « Être femme, ne chance ! » qui tente de redonner courage aux femmes et de réhabiliter le féminin dans toutes ses spécificités. Elle affirme en souriant qu’un kilo de plomb égal un kilo de plumes. On lui a posé trois questions. Interview.
Pourquoi se lancer dans l’écriture d’un essai pour nous aider à mieux vivre en harmonie avec les hommes ? Pensez-vous que ce ne soit pas le cas ?
« Dans les histoires de vie, d’un grand nombre de femmes, il y a un énorme hiatus entre la réalité vécue et celle que les médias présentent comme un idéal, ce qui n’est pas sans impact sur leur choix de vie, leur imaginaire, ni sur leurs déceptions et frustrations. On ne peut que s’étonner des idées dominantes actuelles, rarement en adéquation avec ce qu’elles vivent au quotidien. En effet, malgré d’indéniables avancées dans la condition féminine, nombre de problèmes liés à leur vie amoureuse, à leur couple, à leurs difficultés de conjoindre vie professionnelle et privée restent inchangés. Devenues autonomes économiquement, pouvant accéder à toutes les carrières, nombre de femmes ne demandent plus aux hommes de les nourrir, de les protéger ; mais elles continuent d’attendre d’eux de l’amour et une sécurité affective ».
La femme d’aujourd’hui, qui est elle ?
« Gynécologue j’ai suivi et participé à l’évolution des femmes qui, ayant progressivement pris conscience de leurs forces, de leurs atouts, ont décidé de prendre leur destin en mains. Sortant du gynécée, nombre d’entre elles se sont investies avec succès dans le travail, la création artistique, l’action politique, sociétale, associative et humanitaire. Les rencontres, la reconnaissance de leurs talents, de leurs engagements, ont été et sont, pour elles, l’occasion de donner le meilleur d’elles mêmes en harmonie avec leurs souhaits. Elles ont voulu sortir d’une certaine victimisation dans laquelle, sous prétexte de les protéger des dangers du dehors, on les enfermait ».
Si vous aviez la possibilité de parler directement à nos internautes, notre communauté, que leur diriez-vous aujourd’hui ?
« Aujourd’hui, la preuve est faite : hommes et femmes sont égaux en droit, personne en doute, c’est acté dans la loi et dans les textes. Le vrai combat à présent ? Faire appliquer ces lois, car personne ne le fera à notre place. A mon sens, il est temps de réhabiliter le féminin positivement. Nous sommes des femmes, non complexées, nous n’envions pas les hommes. Nous souhaitons vivre avec eux en sérénité, non en rivalité. Nos ambitions réelles, nos aspirations, nos rêves, nos fantasmes même, peuvent différer des leurs, sans pour cela être connotés négativement ou taxés d’irréalistes ou d’absurdes. Les prendre en compte serait une source d’enrichissement mutuel.
Nous ne voulons pas vivre dans un rapport de force, ou de vengeance avec les hommes. Nous ne souhaitons pas leur faire subir ce qu’ils nous ont imposé le long des siècles. Ils sont nos pères, nos hommes, nos fils, nous les aimons, mais nous voulons être reconnues comme égales, et différentes Comme eux nous sommes ambitieuses, nous aimons le travail, le pouvoir, nous l’avouons, mais nous souhaitons l’exercer à notre manière laquelle n’est pas nécessairement copie conforme à la leur.
Nous appartenons tous au genre humain. Pour autant, nous sommes des êtres sexués, mâles et femelles, et c’est dans la rencontre, même éphémère, qui tente de combler tous nos manques, en quête de l’unité perdue que nous espérons tous retrouver un jour.
Alors une chance d’être née femme en ce nouveau siècle ? Oui, car tout est à reconstruire sur des bases équilibrées dans un monde en mutation, globalisé où mêmes les valeurs sont à redéfinir et dans lequel nous devons être partie prenante, sauf à le rendre bancal ».
A la lecture de l’essai de Fanny E. Kowal, nous avons eu envie de mettre en exergue trois phrases fortes, trois phrases qui nous ont marquées… … On te les fait découvrir :
« La grossesse est une histoire de femme qui passe autant par le corps que par l’esprit »
« Paradoxalement ce corps qui s’alourdit lui semble léger ».
« Elle se vit pour une être à la fois autre et prolongement d’elle-même dont elle est totalement responsable ».
« Être femme : une chance ! Quelle Stratégie pour une vraie égalité ? », Fanny E.Kowal, Editions L’Harmattan, 13.50 €. Si tu veux te plonger dans la lecture de cet essai, c’est ici.