Comment arrêter de crier sur ses enfants : les clés pour s’apaiser

Je crie tout le temps sur mes enfants, et après je m’en veux : comment arrêter de crier ? Une situation fréquente, douloureuse et culpabilisante. Pour en sortir, Aurélie Crétin, psychologue, explique et donne des clés.

C’est moi, c’est elle, c’est vous, c’est la voisine ou l’amie : cette maman qui crie sur ses enfants, et elle a l’impression que c’est tout le temps.

Parfois, elle crie mais n’en parle jamais.

Parfois elle crie et dit un jour « au secours, qu’est-ce que je peux faire pour arrêter ?  »

Aurélie Crétin*, psychologue praticienne en thérapie comportementale et cognitive, explique et donne des clés pour apaiser les mamans qui crient.

1- Moi, maman, je crie : tout d’abord…

• La première chose, c’est de ne pas chercher à être un parent parfait, il n’y a rien de pire. C’est tout à fait normal et bienveillant, mais c’est surtout impossible, de plus culpabilisant. Un parent parfait, c’est celui qui cherche à faire du mieux « possible » malgré ses imperfections !
• Quand on crie, c’est qu’on on se sent impuissant, on a l’impression de ne pas avoir de prises sur les choses, on a essayé (ou pas) des solutions, mais voilà : ça ne fonctionne pas.
• J’ai passé une journée pourrie, je rentre chez moi stressée, fatiguée, et ça ne tourne pas comme je veux. Je suis plus sensible, je vais crier plus facilement.
• Avant tout, c’est important de se dire qu’on a le droit d’être humain ! C’est vrai que ce n’est pas génial de crier, mais le principal, c’est déjà de s’en rendre compte.

 J’ai crié sur mon enfant, je fais quoi ?

Ce qui n’est pas « super », c’est de crier, et de s’arrêter là. Essayez d’abord de respirer un bon coup, puis de dire à votre enfant : « j’ai crié, je n’aurais pas dû autant monter le ton et m’énerver comme ça. C’était complètement démesuré, mais par contre, ce que je voulais te dire, c’était ça… »

Dissocier le fond et la forme, c’est important

Lorsqu’on demande quelque chose à son enfant et que ce n’est pas suivi d’effet ou qu’on effectue cette demande en haussant le ton, on la reformule calmement.

Tout simplement, et ça ne remet pas en question le fond de la demande.

Je sens que je vais crier : comment me stopper ?

Quand on sait qu’on a tendance à crier, et qu’on rentre après un jour « sans », c’est important d’en prendre conscience, parce que la vie n’est pas toujours facile.

• Je sens que je vais crier ? La première étape : en prendre conscience.
• Ensuite, si je peux, quand je sens que ça va monter, j’essaye de changer de pièce et je dis à l’enfant que je vais un moment dans ma chambre, par exemple.
• On respire, on se calme, on demande aussi si on peut avoir un relai auprès du conjoint s’il est là (et qu’il est calme)

Malgré tout, si on crie, on revient vers son enfant quand le calme est revenu.

Doit-on s’excuser auprès de son enfant ?

Il y a une différence entre tout remettre en question et la forme. Tout dépend de ce pourquoi on crie.

Si on se rend compte qu’on crie tout le temps, on peut dire quelque chose comme « j’ai trop crié, mais je vais essayer de faire des efforts. » ou « je suis fatiguée, ça n’a rien à voir avec toi. »

C’est montrer à son enfant qu’on est juste, qu’on peut revenir sur ce qu’on a fait, et qu’on peut essayer de s’améliorer. C’est un modèle pour lui.

Anticiper

Crier n’est agréable pour personne, ni pour maman (ou papa si c’est lui qui crie), ni pour l’enfant. Mais l’adulte, c’est vous.

Alors pour anticiper, vous pouvez vous demander :

• La prochaine fois que je sens que je vais crier, qu’est-ce que je vais essayer de faire, de dire ?

Entraînez-vous dans votre tête. Ca demande des efforts, mais ils vont payer : moins crier, pour vous, pour votre relation mais aussi pour votre entourage

Et cela ne veut pas dire que vous serez sans cadre et sans limite.

En formulant une demande plus sereinement, l’enfant pourra mieux l’accueillir, et vos efforts seront salués. D’ailleurs, n’hésitez pas à lui dire que vous êtes contente quand il a fait des efforts, ou fait ce que vous lui avez demandé.

Faire le tri

Enfin, lorsqu’on sait qu’on a tendance à crier, il est intéressant de faire le tri. C’est à dire faire la distinction ente ce que mes émotions me poussent à avoir comme comportement et ce que je veux obtenir. Dès lors, comment l’avoir, comment formuler autrement ce que je veux pour que ça marche ?

C’est aussi accepter que tout ne soit pas tout le temps parfait… Bien sur, arrêter de crier ne se fera pas en un jour, mais vous allez y arriver : vous le pouvez. En expliquant, en dialoguant avec votre enfant, en « tenant bon » et en prenant conscience de toutes les fois où ça se passe bien ou mieux avec votre enfant.

* Vivre mieux avec les émotions de son enfant, Aurélie Crétin, Odile Jacob.