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Témoignage de future maman : « Ma grossesse, ma victoire »

L. est une future maman de 29 ans qui vit près de Lyon. Enceinte de 30 semaines, elle se confie pour Drôles de Mums sur sa grossesse, ses nombreuses complications mais aussi et surtout sur « son petit miracle ».

 

L

 

D’abord, une petite présentation en quelques lignes…

Je suis enceinte de 30 semaines. Après plusieurs mois d’échec et un verdict assez négatif des médecins sur ma fertilité (cycles de 60 à 90 jours, ovaires polykystiques…), le petit miracle s’est produit naturellement. Je ne m’en suis rendue compte qu’à 4 semaines, à cause de l’entrée dans la phase « Nausées ». Mon début de grossesse n’a pas été simple. J’ai perdu 18 kg avant le 4ème mois (je suis ronde au départ mais c’est quand même beaucoup), sans manger, à 2 doigts de la perfusion et de l’hospitalisation. Du coup, ma tension a chuté en flèche, l’anémie s’est installée, et avec elle le diabète gestationnel. Mon corps s’est défendu en créant lui-même un mauvais sucre, l’acétose.

A la fin du 4ème mois, j’allais mieux. Rendez-vous est pris pour l’échographie du 5ème mois, et là, patatra !
Au bout de 45 minutes d’écho, le sage-femme nous annonce que le bébé présente un Situs Inversus complet. En fait, on prend tous les organes présents dans l’abdomen et on les change de place. Cœur à droite, estomac à droite, appendice à gauche… Les reins et les poumons sont inversés. Le sage-femme nous explique que c’est une « aberration génétique », que nous allons être particulièrement suivis. Nous sommes donc orientés vers le pôle Femme Mère Enfant  de Lyon pour le Diagnostic Anténatal (DAN). Là, à force de regarder son ventre dans tous les sens, on se rend compte qu’il cumule avec une sténose duodénale (la sortie de son estomac est trop étroite). Il va donc devoir être opéré dés sa naissance. Cette sténose est liée dans 1/3 des cas à la Trisomie 21. La clarté nucale ainsi que le test sanguin étaient positifs, donc pour l’instant nous avons refusé l’amniocentèse. Bref, ce n’est pas très simple !

Qu’est ce qui te plait le plus dans la grossesse ?

Les mouvements de mon fils. C’est top de le sentir bouger, je me rends compte que, quand parfois le moral descend dans les chaussettes, il se fait sentir et cela nous aide beaucoup ! Il nous prouve qu’on doit se faire confiance, à nous 3.

Qu’est ce qui te déplait le plus ?

Forcément, je ne vis pas la grossesse des magazines. L’insouciance que je détecte chez d’autres futures mères, j’en rêve ! Aujourd’hui, j’ai RDV avec énormément de spécialistes (cardiologues, généticiens, néonatologues, IRM…). A chaque rendez-vous, de nouvelles questions, de nouvelles peurs, parfois de nouvelles infos ou un nouveau problème.

Est-ce que quelque chose te manque dans le suivi de ta grossesse ?

Le suivi est effectué par des humains, et donc leurs réactions ne sont parfois pas très adaptées. Les différents spécialistes que nous avons rencontrés avaient des positions différentes avant que nous n’entrions dans le processus du DAN. Le sage-femme qui a diagnostiqué le Situs était surexcité. Il nous a dit que c’était génial, extraordinaire, qu’il fallait que le bébé « joue au loto ». 10 jours plus tard, lorsque nous avons rencontré sa supérieure (lui ne pouvait pas nous adresser au DAN, il fallait que sa chef valide le diagnostic), elle nous est apparue terrifiée. Elle nous a parlé de sa « viabilité », d’avortement thérapeutique… Nous sommes ressortis brisés. Une fois au DAN, dans ce service où tous les futurs parents attendant des enfants aux pathologies plus ou moins rares ou graves, leur discours est plus posé. Ils ont l’habitude de gérer les frayeurs des parents qui sont envoyés ici, souvent déboussolés.

Quelle est la phrase la plus bête que tu aies entendu ?

Je dirai que le plus difficile, c’est de se sentir jugée. Dernièrement, plusieurs personnes m’ont dit qu’il fallait que j’arrête de stresser, que le bébé allait le sentir. Je suis donc déjà une mauvaise mère 😉 Ma sage-femme m’a vite calmée en me disant que me faire du souci pour mon bébé était plus que normal au vu de la situation. Elle m’a dit aussi qu’il y’a des mères qui se droguent pendant leur grossesse, que c’est certainement bien pire pour l’enfant. Du coup, je me dis que je dois vivre tout cela à mon rythme, et si je pleure, tant pis ! Le fait que nous refusions l’amniocentèse est aussi un sujet qui peut dérouter. Pour certains, il faut savoir à tout prix !

Comment le papa a réagi à l’annonce de sa future paternité ?

Nous étions tellement sonnés que cela ait fonctionné ! On a été perplexes pendant un moment car on ne s’y attendait pas du tout. Mais comme on essayait depuis longtemps, il était super heureux !

Comment vit-il la grossesse ?

Il est très impliqué (jusque dans le choix des vêtements par exemple). Suite à l’annonce de la liste de soucis, il a vu que je ne me remettais pas, il a donc joué le costaud, pour me soutenir. Au bout de 10 jours, il a déclaré un énorme lumbago… Ça a été sa façon de laisser sortir tout cela ! Finalement, aujourd’hui, je ne vais jamais seule au DAN, il est toujours avec moi, il pleure quand il en ressent le besoin, me requinque lorsque je dégringole…

Quel est le truc le plus bizarre que tu aies eu envie de manger ?

Je n’ai pas vraiment eu d’envies. Je n’ai pas pris un kilo depuis le début mais mon bébé lui, est très costaud ! Il prend ce dont il a besoin quand même, et moi je fais en sorte de manger ce dont j’ai envie.

Comment vis-tu la modification de ton corps ?

Très bien, même si la peau de mon ventre a explosé ! Je le porte très en avant, et les alentours de mon nombril sont pleins de vergetures. Mes seins produisent du colostrum depuis le 3ème mois (mes jolis hauts ont dégusté !), mais cela n’a pas l’air de troubler mon compagnon qui reste très tendre et attentif.

Est-ce que tu suis une préparation à l’accouchement, si oui, laquelle ?
Je n’ai pas encore attaqué. J’ai choisi une préparation classique en sachant que mon accouchement sera déclenché, à Lyon, et certainement par césarienne car mon bébé va être opéré très rapidement de son estomac. J’attends des précisions de mon obstétricien sur tout cela…

Et la sexualité dans tout ça ?
Comme la grossesse des magazines, nous n’avons pas une sexualité de magazine 😉 Au début avec les nausées, cela a été particulièrement compliqué. Ensuite, après les annonces, on a passé pas mal de nuits à discuter, à pleurer, et donc ça ne favorise pas les câlins coquins. Par contre, nous avons développé une tendresse super ! On est hyper attentifs, on se touche énormément, on se câline.

Un accessoire ou quelque chose qui a changé ta vie enceinte ?

Mon blog http://pasenviedefraises.overblog.com. Je l’ai crée lorsque l’infertilité pointait son nez, et je ne l’ai pas arrêté après l’annonce de la grossesse. Il est devenu mon journal intime, et tous nos proches y pêchent les informations au fur et à mesure des différents rendez-vous chez les spécialistes. Je sais aussi qu’il est lu par des inconnues et j’ai souvent des mails ou des commentaires de soutien, cela me touche beaucoup ! J’essaie d’avoir un ton différent des forums que j’évite, d’amener les choses avec humour.

Une marque ou un produit fétiche pendant ta grossesse ?

Mon téléphone et ses nombreuses applications sur la grossesse ! J’adore. Pour les démangeaisons liées aux vergetures, l’huile Tonic de Clarins, THE produit de beauté !

Être enceinte, pour toi, c’est… ?

Compliqué mais c’est la finalité qui est la plus importante. J’ai super hâte de tenir mon bout de chou dans mes bras, même si il doit rester au chaud encore un petit moment !
Être enceinte ce n’est pas forcément être un rayon de soleil et malheureusement, c’est ainsi que la société  voudrait que tu sois !

Et si tu devais donner un conseil à une future maman, ce serait… ?

De se blinder, de fermer le cercle autour de soi, son jules et son ventre. Si on commence à écouter chaque avis, on devient dingue !

A propos de Anne-Laure Galluchon

Maman d'une adolescente en pleine puberté, d'une petite puce de 5 ans et d'un petit bonhomme de 6 mois, je suis une vraie pile électrique. Faut que ça bouge tout le temps ! On dit de moi que j'ai une sacrée répartie mais quand on est maman, on a plutôt intérêt à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Je dis tout haut ce que beaucoup de mamans pensent tout bas !