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Dialogue ado/adulte : Je te comprends, moi non plus

Chers parents, même s’il connaît le sens (au moins approximatif ) de la plupart des mots usuels de la langue française, un ado ne décrypte pas systématiquement vos propos comme vous pourriez vous y attendre. Voici de quoi éviter (à peu près) les pièges qu’il ou elle vous tend.

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Tout le monde ou presque connaît la théorie rendue populaire par John Gray qui prétend que les hommes viennent de Mars, les femmes de Venus et que du coup, le dialogue entre les deux genres soit ponctué de douloureux malentendus.

Par exemple, selon lui, lorsqu’à table, je déclare avec tendresse à mon épouse « Il est pas terrible ton rosbeef», je signifie simplement que  la qualité de ce morceau de bœuf choisi par le boucher n’est pas à la hauteur de sa beauté (à ma femme, pas au boucher).

Alors que elle, elle comprend que je ne l’aime pas (elle, pas le boucher), que je la trompe avec sa meilleure amie depuis la fin du voyage de noces et que j’attends encore un peu pour la quitter afin qu’elle ait la cinquantaine et galère comme une malade pour se recaser ! Ce que vont chercher les femmes, parfois, c’est inouï !

Et bien dites vous qu’un ado moyen, c’est le contraire. Avec lui, pas de malentendu. Sa compréhension est si fine, ses neurones si affutés qu’il va au delà du sens, du sens profond, du sens caché, de sa traduction psychanalytique et du fantasme de vérité. Et c’est pas forcément plus simple à vivre.

Dites lui simplement une phrase anodine du genre « fais tes devoirs ! »…

Qu’entend-il ?

« Mais c’est pas possible crème de feignasse avachie dans mon canapé et ramollie par le coca tiède acheté avec mes sous à moi, comment vas-tu faire pour trouver un job et financer ma retraite ? Quand vas-tu prendre conscience qu’il te faut un diplôme XXL pour avoir un boulot à la hauteur des exigences financières nécessaires avec ta consommation de cosmétiques inutiles et de nourriture grasse ? Si tu crois que je vais te nourrir et te loger à l’œil jusqu’à tes 40 ans, tu te fourres le doigt dans l’’œil (ce coup ci pas un des miens, mais un à toi) jusqu’à l’omoplate »

C’est fort non ?

Autre exercice simple : dites « range ta chambre ».

Vous entendez par là «  Jette les emballages vides et les résidus alimentaires à la poubelle, réunit le linge sale (celui que tu ne portes pas actuellement)  et pose le dans la corbeille à linge, dissimule hors de ma vue les paquets de clopes et de capotes, refais ton lit, classe tes livres de cours sur l’étagère, passe un coup de balai et utilise l’aspirateur pour ramasser les chips écrasés dans le tapis ».

L’ado comprend : « Repose toi mon trésor, je suis sur le point de craquer et de ranger le bordel sans nom que t’as foutu dans ta chambre parce que j’ai peur qu’il y ait des bêtes dedans, ça serait dommage que tu te fatigues à le faire avant. »

Saisir le sens du propos, enfin… essayer.

Malheureusement, ça ne marche que dans un sens. C’est à dire que, si l’ado vous décrypte jusqu’au sous-vêtements au premier regard, vous avez énormément de mal à saisir le sens de ses propos. Enfin, plutôt de SON propos

Quelque soit l’injonction en effet, en réponse, vous récoltez toujours le même.

Un vague son désarticulé ressemblant à « mouètenjivè ».

A traduire, c’est plus compliqué et certains – s’accrochant par erreur à la phonétique – pensent que ça signifie “Ouais, attend j’y vais”.

En fait non, ça veut plutôt dire : « Merci cher géniteur de penser à mon bien-être et à mon avenir . J’écoute tes précieux conseils avec amour. Mais là, je me repose un mois ou deux avant. Tiens pendant que tu es debout, tu peux me rapporter un autre paquet de gateaux steuplè. »

D’après les recherches linguistiques que j’ai pu faire en étudiant les 89 premières saisons de Star-Trek, ça ne serait ni du martien, ni du vénusien, mais plutôt du quels-relou-les-vieux-quand-même-hein.

A propos de Paul Blick

Prenez un homme, mariez-le. Mélangez, puis affublez-le de deux filles dont une ado et une pré-ado. Shackez. Ajoutez une pincée de métier journaliste, une grosse louche d'humour, une cuillère à soupe de testostérone et un physique d'acteur cérébral mais top-moumoute : vous obtenez Paul Blick, l'homme qui parle des ados encore mieux que de sa console de jeux !